Céramiste exigeante et passionnée, Caroline Garrigues s’illustre dans l’art de la table. Il est possible de la voir à l’œuvre dans sa boutique située en plein cœur du quartier Saint-Étienne, à Toulouse, où elle transmet aussi son savoir-faire lors d’ateliers. Rencontre.
La céramique et la musique ont beaucoup plus en commun qu’il n’y paraît, comme nous l’explique cette ancienne enseignante en musicologie de la Sorbonne. La liberté du geste créatif ne s’acquière, d’après elle, que lorsque l’on atteint une certaine technicité. C’est de cette exigence que Caroline tire sa plus grande satisfaction. Sa rencontre avec la terre remonte à l’enfance, lorsqu’elle se promenait avec ses parents sur les marchés de potiers. En 2019, elle décide de créer C Céramique.
L’histoire de C Céramique ?
Je suis une autodidacte qui a débuté dans son garage. En 2019, le restaurant le Bàcaro me confie la réalisation d’une partie de sa vaisselle. Depuis, j’ai travaillé pour de nombreux restaurants en région Toulousaine et aux alentours. J’aime l’idée qu’un artisan mette en lumière le travail d’un autre artisan. On se nourrit les uns des autres, c’est une histoire d’émulation. En 2023, j’ai décidé d’ouvrir un atelier en ville qui fasse aussi office de boutique et où je puisse donner des cours.
Le rapport que vous entretenez avec la céramique ?
Dans ma pratique, je considère davantage la céramique comme un artisanat que comme un art. C’est une discipline qui exige une grande technicité, beaucoup d’investissement et de travail. Je trouve cela très satisfaisant, et c’est aussi ce qui permet d’être objectif vis-à-vis de son travail. J’ai par ailleurs une préférence pour les pièces utilitaires. D’où mon désir de me consacrer à l’art de la table.
Comment naît l’idée d’un nouvel objet ?
Chaque restaurateur a ses propres contraintes et ses propres exigences. C’est très stimulant. Je dois nécessairement adapter leurs besoins à la technique que j’affectionne depuis mes débuts : le travail à la plaque. J’ai également le bonheur de travailler avec des décoratrices d’intérieur, par exemple avec Alexia qui a imaginé la Maison Makeba et qui ne manque jamais d’idées folles à concrétiser. Des idées qui sortent du quotidien et que je l’aide parfois à préciser.
Où puisez-vous votre inspiration ?
La terre est ma première source d’inspiration. Elle guide mon geste et impose ses propres contraintes.
Quelle est votre signature ?
Je cherche avant tout à laisser une place importante à la terre. Les couleurs que j’utilise ensuite doivent être les plus simples, mais aussi les plus vivantes et les plus appétentes possible. Je ne recherche pas l’effet wahou, mais plutôt quelque chose d’intemporel et de discret, qui se fonde dans notre quotidien. « Less is more », c’est ma devise.
Quelle technique privilégiez-vous ?
J’ai eu un coup de cœur immédiat pour la plaque : C’est la technique qui me correspond le plus entièrement. C’est immensément stimulant. Elle m’offre une grande liberté dans la forme, le volume, l’épaisseur. Je n’enseigne d’ailleurs que la plaque.
Un exigence ?
Je cherche à ce que mon travail soit propre. J’accepte difficilement les à-peu-près !
Ce qui vous tient particulièrement à cœur ?
Être ancrée sur mon territoire. J’aime que les objets que je crée soient utilisés par des gens que je rencontre. Cela fait sens. J’aime également savoir que mes pièces fassent partie de leur quotidien, qu’elles soient utilisées et ne restent pas dans un placard !
Un projet emblématique ?
Le prestige d’un restaurant a peu d’importance pour moi. C’est évidemment un bonheur de travailler pour de belles adresses, mais les petites m’intéressent tout autant. Récemment, les Dodus en ville, un petit restaurant dans le Lot, a notamment fait appel à moi. C’est une belle table qui a le désir de sourcer ses produits : les matières premières bien sûr, mais également la vaisselle, les couteaux et la verrerie. J’adore cette démarche. Idem pour Antoine Omnivore, à Montauban, qui est dans une démarche sincère, avec l’envie de bien faire et le souci du détail.
Et les ateliers ?
J’anime des ateliers pour des groupes de cinq à six personnes, les lundis et les vendredis après-midi. Je propose aussi une journée complète chaque mois. Toutes les trois semaines, j’organise également des apéro’poteries en soirée !
27, grande-rue Nazareth – Toulouse – www.atelier-c-ceramique.fr – @ cceramique