Violaine Ulmer imagine dans son atelier aveyronnais, des bijoux et des sculptures textiles en porcelaine.
Comment dire le corps sans le montrer ? Tel est le leitmotiv créatif de la plasticienne et créatrice de bijoux Violaine Ulmer, qui, tel un couturier, découpe des patrons dans la porcelaine pour donner vie à des vêtements à taille réelle et à de petites statuettes.
Votre parcours vers la porcelaine ?
Cela fait 20 ans que j’exerce mon métier. Enfant et adolescente déjà, je ressentais un attrait pour la matière. Suite à un début de carrière en tant que formatrice pour éducateurs spécialisés, j’ai décidé, à 40 ans, de me réorienter vers la céramique et la bijouterie. Cela sonnait finalement comme la suite logique de mes études en Arts plastiques à l’Université Paris 1 Panthéon–Sorbonne.
Comment décririez-vous vos créations ?
Je dirais qu’elles sont éclectiques, car je crée aussi bien des pièces architecturées, structurées et minimalistes, que des objets plus baroques. Ce qui lie ces deux pans créatifs, c’est sans doute mon intérêt porté au vêtement, au corps. Il y a aussi, dans mon travail, une dimension de recherche, qui fait que je prends parfois des chemins de traverse. Mais j’en reviens toujours à l’esthétique japonaise, qui me porte.
Vos sources d’inspiration ?
Je ressens mon travail du bijou comme un ouvrage architectural de petite dimension. Parmi les architectes qui m’inspirent, il y a le japonais Jun’ya Ishigami. Mon Dressing à taille réelle s’apparente plus à de la sculpture, et dans ce domaine, j’admire particulièrement le sculpteur et graveur basque espagnol Eduardo Chillida. Enfin, mes Robes Armures sont inspirées de la haute couture japonaise, façon Yohji Yamamoto et Rei Kawakubo.
De la Chine à Velázquez
« Les Robes Armures faisaient au départ référence à l’armée de terre cuite – représentant la garde renforcée du tombeau de l’empereur Qin – retrouvée dans le centre de la Chine, il y a près de 40 ans. Depuis quelque temps, mes petites statuettes numérotées ont délaissé leur aspect guerrier pour arborer un style haute couture, qui les rapproche davantage des Ménines de Velázquez », souligne Violaine Ulmer.
Quel est le regard du public sur votre art ?
Il faudrait poser la question aux visiteurs de mes expositions mais ce que je ressens de l’extérieur, c’est que vis-à-vis de mon Dressing et des Robes Armures, il y a une forme d’étonnement, voire de fascination. Ce que les gens comprennent bien, c’est qu’il y a un travail de la matière différent pour chaque pièce, et cela les interpelle.
Une anecdote créative ?
Il y a un tel taux de réduction après cuisson de la porcelaine, que les chaussures que j’avais dessinées en pointure 39, s’approchent désormais d’une taille 36. Pour ce type de création, il faut savoir que je fabrique des patrons comme le ferait un cordonnier. Puis j’assemble chaque pièce, pour mettre l’objet en volume.
Des ambitions pour l’avenir ?
Je ressens l’envie d’aller davantage vers le textile. Récemment, j’ai lancé cette expérimentation à travers la création d’une broche de manteau faite de porcelaine, dont l’attache est confectionnée à partir de feutre de laine. Le textile se présente ainsi comme un matériau supplémentaire, utile pour l’assemblage des modules de porcelaine.
Des événements à venir ?
L’année 2024 se présente pour moi comme une année dédiée à la formation d’amateurs éclairés. Avec ma moitié, Andréas Grau, spécialisé dans le moulage de plâtre, nous organisons en Aveyron des stages axés sur le bijou céramique. Je vais également intervenir en Belgique et au Québec. Il y a par ailleurs de grandes chances pour que j’expose au salon Maison&Objet, qui aura lieu du 5 au 9 septembre 2024, à Paris Villepinte.
Contacter Violaine Ulmer
Adresse de l’atelier (stages + showroom) : 16 rue de la Douve – 12440 La Salvetat Peyralès
tél. : + 33-(0)6-89-91-45-71
site de Violaine Ulmer : http://www.violaine-ulmer.com/
site des stages : https://www.ulmergrau.com/
intagram: @violaineulmer