Il y a deux ans, lorsque les propriétaires visitent ce bien situé dans un immeuble haussmannien, ils en décèlent tout de suite le potentiel. Malgré un agencement étriqué, et une décoration un peu datée, ils n’ont aucun mal à s’y projeter. Pour concrétiser leur projet, ils font appel à l’architecte Patrice Cagnasso, de l’agence Ar-Quo Architecture, vainqueur des Trophées de la Déco 2018 dans la catégorie « Habitat ». Un an de conception, suivi d’une année de travaux, sont alors nécessaires. En prenant le risque de faire tomber plusieurs cloisons, l’architecte et les propriétaires redoutaient les mauvaises surprises. Des surprises, il y en eu. Mais elles furent belles ! Beau plancher de bois franc et murs de briques, l’appartement n’avait pas tout dévoilé.
Des espaces ouverts
En quête de l’appartement de leur rêve, les propriétaires recherchaient de l’espace. Si la configuration originale des lieux n’était pas propice à la circulation de la lumière, l’architecte a su comment y remédier. Le hall d’entrée, autrefois délimité par des cloisons, a été le premier à voir ses murs tomber. Désormais, lorsque l’on pénètre dans cet appartement de 200 m2, c’est une sensation d’espace qui se fait sentir, le regard n’étant pas entravé.
La pièce à vivre, partagée en trois espaces distincts, est structurée par le mobilier. Un ilot fait la jonction entre ces différents espaces que sont le salon, la salle à manger et la cuisine. Cette dernière, en face de l’entrée, se prolonge en un cube dissimulant des rangements ainsi qu’un long couloir menant aux chambres. La sensation d’espace et d’ouverture est accentuée par quatre grandes portes fenêtres, côté salon, laissant pénétrer la lumière et permettant d’accéder à de petits balcons.
Une cuisine dissimulée
Pièce maîtresse de ce nouvel agencement, un ilot central de quatre mètres de long trône fièrement au coeur de cet espace de vie pensé pour se transformer en lieu de réception. Élégance et simplicité caractérisent cet élément qui donne le ton à la décoration et autour duquel la pièce à vivre s’articule. Conçu en Dekton, un matériau qui imite à merveille les rainures du marbre blanc, cet ilot a été pensé pour accueillir des tabourets grâce à un renfoncement. Il est également composé d’un grand nombre de rangements.
Un volume entièrement blanc, faisant face à l’ilot, abrite la cuisine. Cette dernière, modulable, se distingue en effet par sa capacité à être entièrement dissimulée ! Plusieurs lames coulissantes, une fois déployées, rendent la cuisine totalement invisible. Une astuce idéale lorsque l’on possède un espace de vie ouvert et que l’on déteste les intérieurs désordonnés. À découvert, la cuisine se révèle entièrement noire, jouant sur la pureté et les contrastes avec une crédence en Dekton.
Une boite dans la boite
S’il est un point à souligner, c’est que cet appartement ne manque pas de rangements. Il se distingue d’ailleurs par un important travail de marquèterie. De grands placards blancs invisibles ont ainsi été créés tout le long des murs du séjour polyfonctionnel. Le résultat s’avère à la fois pratique et esthétique.
Le cube, situé en face de l’entrée, compte lui aussi de nombreux rangements. Cette boite dans la boite est entièrement décloisonnée, afin que l’on puisse en faire le tour. La pièce à vivre reste ainsi traversante, n’étant scindée par aucune cloison. Une face de ce cube a été agrémentée de portes anciennes autrefois utilisées dans le hall d’entrée. Une astuce qui pique la curiosité, laissant penser que ces portes pourraient mener vers une pièce secrète. Elles conduisent en réalité vers un cellier, des WC ainsi que des rangements.
La lumière mise en scène
Il ne faut jamais sous-estimer l’importance de la lumière artificielle dans une maison. Elle joue un rôle essentiel dans la décoration, soulignant certains détails et créant une atmosphère singulière. Dans la cuisine, une longue bande lumineuse surplombe l’ilot central, accentuant ainsi ses lignes et son design. Côté salon, des LED dissimulés dans un joint creux mettent en valeur les poutres et affirment la rupture de hauteur visible aux abords des ouvertures.
Quant au couloir menant aux chambres à coucher, il est éclairé de manière à le présenter comme une galerie d’art. C’est ce que souhaitaient les propriétaires, désireux de pouvoir y accrocher plusieurs oeuvres. L’objectif ? Transformer ce simple lieu de passage en un endroit dans lequel on aime flâner.
En noir et blanc
Lorsque les propriétaires ont fait appel à Patrice Cagnasso, ils savaient exactement ce qu’ils souhaitaient en termes de partis pris et de décoration. Des souhaits que l’architecte a su poser sur papier et concrétiser. Le noir et blanc était une évidence. Découvert lors des rénovations, le plancher ancien a été restauré puis peint en noir afin de l’uniformiser.
Le plancher arbore deux motifs différents dans la pièce à vivre : parquet à bâtons rompus côté salon, et pose à l’anglaise à coupe de pierre dans la salle à manger. Le noir contraste avec le blanc des murs et d’une partie du mobilier. Le poteau de soutien de la pièce à vivre, peint en noir pour affirmer sa présence, a été imbriqué dans l’ilot au moment de la construction de ce dernier. Un mariage tout en contraste, mais réussi. Les radiateurs en fonte ont eux aussi été peints en noir.
Allier l’ancien et le moderne
Le contraste ne se retrouve pas uniquement dans le choix des couleurs, mais aussi dans celui du mariage de l’ancien et du contemporain. Des soubassements en bois ont été apposés le long des murs, rappelant ainsi l’histoire de cet appartement datant des années 1860. Une histoire que l’on retrouve également avec les briques, nettoyées et restaurées au moment des travaux.
Les poutres, visibles aux abords des fenêtre du salon et de la salle à manger, ont été sablées et laissées brutes, contrastant ainsi avec les éléments plus modernes de la décoration. Les volets intérieurs, d’époque, ont aussi pu être conservés. Ils apportent beaucoup de charme et de cachet tout en se révélant très pratiques. Les cheminées en marbre de la pièce à vivre, se faisant face, ont aussi été conservées. Une troisième se situe en arrière de la cuisine.
Une décoration épurée
La décoration se veut sobre et épurée. De grands miroirs anciens, accrochés au-dessus des deux cheminées du salon, se répondent. Deux lustres modernes structurent la pièce à vivre, marquant l’espace salon et l’espace salle à manger. Une attention toute particulière a été accordée aux détails, tels que les poignées de portes de placard dans le couloir, les appliques, et les têtes des radiateurs.
Une chambre d’enfant, à droite du couloir, dispose d’une salle d’eau dans des teintes claires. Un carrelage imitation marbre blanc joue la continuité en recouvrant le sol et les murs. Elle dispose d’une large vasque blanche et d’une douche. La chambre parentale, très épurée et disposant d’une grande ouverture, arbore une décoration misant sur la simplicité. Elle est accolée à une salle d’eau où le noir domine. Moderne et sophistiquée, elle reprend les codes utilisés dans le reste de l’appartement. Un appartement tout en contraste, où la sensation de fluidité et de clarté domine.