Hyperactif, engagé et passionné, le marchand d’art toulousain Jean-Paul Sourillan est à la tête de la plus ancienne galerie d’art du Sud de la Loire. une galerie spécialisée dans la vente de tableaux du XXe siècle, créée il y a bientôt 45 ans. Rencontre.
Marchand d’art, une vocation ?
C’est plutôt arrivé sans crier gare. En 73, j’ai 22 ans, je sors de l’École nationale des Arts Appliqués de Toulouse et je me destine plutôt à une profession de publicitaire. Je travaille d’abord dans l’entreprise familiale où je crée, fabrique et commercialise du mobilier design… Un jour, on me propose quatre petits tableaux que je revends rapidement. J’en rachète d’autres et de fil en aiguille je crée en 1975 ma propre société. En premier lieu, avenue Honoré Serre puis rue Ozenne, dans les locaux actuels de la galerie éponyme.
Vous vendez également quelques signatures régionales, dont une qui devrait parler à nos lecteurs !
Effectivement, j’ai un attachement particulier pour Jean-Luc Beaufils (NDLR : retrouvez son portrait dans le n°68 de De Fil en Déco). C’est en quelque sorte le peintre fétiche de la galerie depuis plus de 20 ans. Je suis son marchand exclusif pour tous pays. J’achète toute sa production et je la distribue via une dizaine de points de vente dans toute la France et à l’étranger. De nombreuses expositions sillonnent la France toute l’année. Les cimaises du premier étage de la galerie rue Ozenne lui sont consacrées en permanence.
Tous les tableaux que vous vendez sont encadrés, pourquoi ?
C’est une mise en valeur à laquelle j’ai toujours été attaché. Une oeuvre picturale doit être mise en valeur par son encadrement. J’ai construit mon atelier d’encadrement en 1975 pour accompagner la création de la galerie. L’atelier a remporté un vrai succès, d’abord auprès de mes confrères mais également des antiquaires, des galeries, puis des centrales d’achat nationales. J’ai employé à cette période jusqu’à quarante personnes avant de revendre la structure en 1985.
Dans les années qui ont suivi, vous multipliez les casquettes ?
J’ai toujours conservé mon activité de marchand d’art mais j’ai dans le même temps développé plusieurs activités. J’ai notamment créé une société de production de spectacles dans laquelle je produisais les chanteurs populaires de l’époque. Parallèlement est née une société de manifestations sportives qui faisait jouer les grandes têtes d’affiche mondiales du tennis. J’ai également été le fondateur et propriétaire de la revue Itinéraire des arts fin des années 90. Avec Fernand Roux (ami de Henri Matisse), nous avons créé la Fondation René Pous (mécène de tous les grands peintres du XXe siècle : Picasso, Matisse, Dufy, Braque…) dont le but est toujours de promouvoir les arts. Depuis plus de vingt ans, j’ai intégré la fédération française des experts en art ainsi que la confédération européenne des experts.
Quel est le courant artistique qui vous a le plus marqué ?
Personnellement, je suis plus attiré par les peintres de l’École de Paris. Professionnellement, ce serait plutôt le cubisme, le post impressionnisme et l’art moderne en général.
L’art qui vous fait le plus vibrer ?
L’art pictural, notamment l’abstraction lyrique.
Quel lieu vous parle le plus architecturalement parlant ?
Le musée Pierre Soulage : une construction extraordinaire digne de grands architectes. Le Musée Guggenheim de Bilbao m’a également énormément marqué d’un point de vue architectural.
Votre couleur ?
Le bleu des tableaux cubistes du début du XXe siècle notamment chez Gris, Picasso ou Braque qui, pour l’anecdote, se partageaient le même marchand d’art, Henri Kahnweiler.
L’oeuvre qui vous définirait le plus ?
Un tableau de Jonone, le plus connu des graffeurs américains. La couleur, le dynamisme, la liberté d’expression, tout me parle dans son oeuvre.
L’artiste qui vous touche le plus ?
Actuellement ce serait André Marfaing. Un peintre né à Toulouse mais qui a exercé toute sa vie à Paris. À l’inverse de Jonone, c’est le manque de couleurs de ce peintre qui ne travaille que le noir et le blanc qui m’attire.
Save the date : anniversaire !
Au printemps 2020, la Galerie Sourillan fête ses 45 ans. L’occasion de (re)découvrir de superbes signatures.