Dans une ruelle calme à deux pas de la place de la Bourse, cet appartement de 80 m² a été entièrement réagencé par Alexandre Subra Architectes (ASA).
Lorsque Nicolas se porte acquéreur de ce bien immobilier situé en centre historique toulousain, il décide de laisser carte blanche à ASA. L’agence toulousaine d’architecture et d’architecture intérieure en fait un lieu de vie d’inspiration Art déco qui revêt aussi l’apparence d’un club privé. Alexandre Subra, chargé du projet, nous dévoile les dessous de cette rénovation qui date de 2018.
Quand l’Art déco se fait mondain
Dès les premiers pas dans le vestibule, le ton est donné. Une applique murale Caboche de chez Foscarini nous plonge instantanément dans une ambiance inspirée des Arts décoratifs. Cependant, en poursuivant la visite dans les pièces de vie, l’on comprend rapidement que les détails en laiton et les imprimés éventails ne seront pas de la partie. Alexandre Subra précise : « le propriétaire est un homme qui aime recevoir, il fallait donc s’adapter à son style de vie. De plus, il aurait fallu un budget plus conséquent pour jouer la carte Art déco jusqu’au bout ». Résultat ? L’appartement de Nicolas se présente comme un lieu de vie élégant, offrant à voir un aménagement proche de celui d’un bar de nuit ultra chic.
La nécessaire révision du plan d’agencement
Dès la première visite de cet immeuble divisé en lots, datant de la fin du XIXe siècle, le cabinet ASA entrevoit son potentiel. « Nous avons orienté le propriétaire vers un appartement situé au premier étage, le plus noble du fait des moulures et de la hauteur sous plafond, qui atteint ici les 4,20 mètres », nous explique Alexandre Subra. Pour sublimer l’allure ancienne de ce logement tout en le rénovant, une révision complète du plan d’agencement est nécessaire : « les pièces avaient un usage mixte car le lieu était un local professionnel depuis plusieurs années ». La surface mal exploitée devient rapidement une contrainte, de même que la présence de cloisons intérieures à colombages, impossibles à abattre pour des raisons de coût.
Donner l’apparence de l’ancien
Surmontant la complexité inhérente à ce plan d’appartement peu commun, le cabinet d’architectes a aussi la mission complexe de donner l’apparence de l’ancien aux matériaux utilisés pour la rénovation du logement. Le parquet en pin massif est volontairement posé de manière irrégulière à l’aide de cales de carrelage. Pour renforcer son apparence vieillie et lui apporter du raffinement, il est également peint dans une teinte très sombre. Plusieurs étapes permettent de donner un coup de frais au colombage intérieur sans le rendre trop neuf : retrait des clous, moisage, ponçage, aplanissement au rabot, sablage finition lasurée incolore mat, pour un effet naturel. Concernant l’isolation thermique, les plafonds sont remplacés en prenant soin de conserver les moulures.
Un living théâtral
En pénétrant dans le salon, il est impossible de déceler sa superficie : près de 23 m², qui se trouvent nettement amplifiés par la présence de plusieurs miroirs fumés flashés dorés, aux arêtes en biseau, pour la note rétro. Quelques éléments comme la table basse ou la console télé proviennent de l’ancien appartement. Le canapé moutarde est choisi par le propriétaire chez Flat Design. Le tapis immaculé a pour fonction d’éclairer la pièce. « Il s’agit en réalité d’une bande de moquette de chez Leroy Merlin, découpée sur mesure », nous explique Alexandre Subra. Il fait aussi installer un lustre monumental composé de cylindres dorés mats et brillants, pensé pour être l’élément central du living. Des spots disposés au sol viennent parfaire cet éclairage quasi-scénique.
Cuisine ou bar sélect ?
En visitant la cuisine, plus de doute : on se trouve bien dans un espace club qui organise des soirées privées. Les boiseries et moulures, peintes dans un noir brillant par l’entreprise albigeoise David Beziat, se reflètent dans le carrelage mural gold. L’imposant îlot central, dessiné sur mesure par ASA, est réalisé par Escrive Menuiserie (Albi). Il allie un plateau en marbre blanc veiné Calacatta constraté par un empiétement aérien en bois cintré noir. Côté plan de travail, les poignées du mitigeur en nickel de la marque Fantini Rubinetti arborent la forme d’un briquet de poche Zippo. Leur aspect facetté « pointe-de-diamant » amène l’ostentation désirée jusque dans les détails. On retrouve dans cette pièce, les caissons faits de médium qui coffrent le colombage et l’habillent de miroirs réflecteurs de lumière.
Une suite sobre et éclatante
Dans la chambre à coucher de 15 m², la poutre Eiffel révélée lors des démolitions et permettant de précontraindre le plancher bas de l’étage supérieur, a été peinte en blanc. Elle reste visible mais se fait ainsi discrète, à l’image des murs, pour donner toute sa place à la tête de lit composée du même carrelage or éclatant que dans la cuisine. Les suspensions basses en verre soufflé ambré de la collection 24 Karati de Karman ajoutent un aspect baroque au coin nuit, avec leur forme pampilles.
Dessiné par le cabinet ASA, le meuble bas situé à droite du lit prolonge l’espace dressing en exploitant ce vaste passage vers la salle d’eau. Avant d’atteindre la douche à l’italienne, on fait face à un mur recouvert d’un carrelage de sol peint en blanc. L’idée est, ici encore, de permettre aux carreaux or qui servent désormais de faïence à la double vasque, d’étinceler sans concurrence. Savamment dissimulé, l’espace dressing profite de la présence d’un mur éclairant.
La pièce la plus fun !
Dans les toilettes, considérées par Alexandre Subra comme « l’une des pièces les plus fun à rénover dans chaque projet », l’éclairage filaire indirect incrusté en mural se fait intimiste. Le plafond noir glacé offre un écho lumineux à la pâte de verre mosaïque Bisazza marron brillant posée sur l’ensemble des cloisons.