Immersion dans les coulisses du Musée Ingres Bourdelle (MIB), installé dans le majestueux palais épiscopal de la ville de Montauban.
En 2019 avaient lieu les travaux du siècle au Musée de Montauban, qui abrite les collections de deux artistes natifs de la ville : Ingres et Bourdelle. Avec Florence Viguier-Dutheil, directrice et conservatrice en chef du patrimoine du MIB, l’équipe du magazine De Fil en Déco s’est immergée dans l’histoire de ces lieux fascinants, qui ont fait peau neuve pour s’adapter toujours plus à ses divers publics.
L’influence artistique d’Ingres
Le fonds légué à la Ville de Montauban par Jean-Auguste-Dominique Ingres continue sans conteste d’inspirer les artistes actuels. Désormais connues dans le monde entier grâce à internet, les œuvres du peintre sont reprises et détournées avec humour, dérision ou provocation, jusqu’à l’autre bout du monde. En témoigne la salle Ingres et les Modernes, dédiée à l’influence d’Ingres sur notre époque. Le portrait de Madame Gonse, considérée comme la Joconde de Montauban en raison de son sourire énigmatique, fascine particulièrement les visiteurs. L’impression tactile des étoffes, la légèreté des dentelles et l’ovale parfait du visage célèbrent la beauté idéale.
La salle des Dessins, laboratoire d’Ingres
Avant de prendre les pinceaux, Ingres réalisait des études préparatoires lui permettant de détailler chaque partie de ses compositions. Dans la salle des Dessins, on peut ainsi observer près de 200 esquisses parmi lesquelles quelques mises au carreau : cette technique permettant de reproduire ou d’agrandir un dessin.
Bourdelle, éclaireur de la modernité
En débutant votre visite du MIB par le 1er sous-sol, vous pourrez comprendre Bourdelle par le prisme de son époque : y sont exposées les œuvres de ses amis Camille Claudel, Maurice Denis ou encore Édouard Vuillard. Dans les salles qui suivent, ses œuvres, présentées de façon thématique, permettent de saisir les évolutions du style du sculpteur : depuis le réalisme de ses débuts à l’épure géométrique de la fin de sa carrière, en passant par l’expressionnisme hérité de son maître Rodin. « On a tendance à sous-estimer le rôle de Bourdelle dans le passage du XIXᵉ au XXᵉ siècle : son travail est empreint de l’influence de sculpteurs de renoms, tels que son compatriote du sud-ouest Falguière et plus tard, Rodin. Puis, il inspire Giacometti ou encore Germaine Richier, qu’il aura comme élèves », précise la directrice du musée.
Bourdelle et la mythologie
Dans les salles dédiées au Bourdelle monumental, s’opère un basculement vers une nouvelle inspiration empruntée à l’art grec archaïque. La sculpture Héraklès Archer, dont on peut apercevoir un exemplaire à Toulouse – en plus du plâtre original conservé à Montauban – en est l’illustration. Mais en y regardant de plus près, Bourdelle n’intègre-t-il pas, dans cette œuvre monumentale, les leçons de Rodin ? En effet, il parvient à insuffler du mouvement à la matière inerte, en combinant plusieurs attitudes, dans une seule et même posture.
Les impressions des visiteurs depuis la rénovation ?
L’étude des publics, menée dernièrement, met en avant le fait que le nouvel équipement, rénové avec talent par l’agence Bach Nguyen, est performant. En 2023, ce sont près de 60.000 visiteurs qui ont pu profiter de la nouvelle configuration du bâtiment, pensée pour mettre en valeur chaque œuvre dans un parcours fluide. Il faut également souligner que le billet d’entrée au MIB permet de bénéficier d’un tarif réduit pour la visite des musées Soulages (Rodez) et Toulouse-Lautrec (Albi).
Un musée logé dans un palais épiscopal
Si le lieu a des fonctions muséales depuis le début du XIXᵉ siècle, il s’agit d’un bâtiment construit il y a plus de 800 ans comme ouvrage défensif, transformé et agrandi pour devenir, au XVIIᵉ siècle, le palais des évêques. Après la Révolution, il accueille l’Hôtel de Ville de Montauban, dans lequel s’installe un premier musée de peintures. Les legs Ingres et les libéralités de Bourdelle, ainsi que la dernière rénovation – après trois années de travaux – en font un lieu incontournable de la région.
Le profil des visiteurs du MIB ?
Outre le public scolaire montalbanais, les visiteurs du MIB proviennent majoritairement d’Occitanie (60 %), avec une belle présence des Tarn-et-Garonnais (près de 25 %). Toutefois, l’équipe du MIB serait ravie d’y compter davantage de Toulousains, étant donné la proximité géographique. Ils pourront y (re)découvrir les origines des travaux artistiques d’Ingres et de Bourdelle, ainsi que la salle du Prince Noir. Ce lieu de création s’ouvre également aux artistes contemporains, comme Anne et Patrick Poirier, accueillis cette année pour y présenter jusqu’en juin 2024 une installation dénommée « Un Miroir du Monde », épilogue et cœur d’une exposition saisissante qui questionne les traces de la violence de l’humanité, dont ne subsistent que des ruines.
Les nouveautés au MIB depuis sa réouverture ?
La rénovation de 2019 permet au MIB de répondre aux enjeux contemporains d’une visite de musée, que ce soit pour les familles ou les personnes à mobilité réduite, grâce aux nouveaux ascenseurs installés dans le parcours. Priorité est également donnée au confort de visite et à la présentation des œuvres dans de bonnes conditions thermiques ou de visibilité. Le développement de nombreux projets de médiation ainsi que l’installation de bornes numériques explicatives constituent aussi des évolutions appréciées.
Osez franchir les élégants pavillons de verre et de métal du MIB, et entrez dans un musée du XXIᵉ siècle qui vous contera tous ses secrets ! Petite restauration possible sur place au salon de thé, librairie, boutique « Chez Madeleine », situé au rez-de-chaussée du musée, et repartez avec un souvenir de cet endroit unique.
Se rendre au MIB
19 rue de l’Hôtel de ville, 82000 Montauban
Du 1ᵉʳ janvier au 30 avril :
- du mardi au vendredi de 10 h à 17 h 30
- le samedi et dimanche de 10 h à 19 h
Tél. : 05 63 22 12 91