Aux pieds des Pyrénées se dresse le château de Saint-Martory. Rénovée avec goût, cette bâtisse de la Renaissance semble tout droit sortie d’un conte de fée.
Le château de Saint-Martory, qui surplombe la Garonne, a fait l’objet de nombreuses rénovations pour retrouver toute sa splendeur. En 1990, le père de l’actuel propriétaire en fait l’acquisition, plusieurs années après en avoir rêvé. Dix ans plus tard, Jean-François Delort continue les travaux entrepris par son père, afin de lui rendre son lustre d’antan. C’est chose faite. Visite du domaine en compagnie de son propriétaire et de Véronique Michel, de l’Agence RP, nous ayant dévoilé ce bijou du Haut-Garonnais.
La vie de château
Que ce soit à l’occasion de simples vacances, de séminaires, de mariages ou d’événements privés, le propriétaire met à la disposition de ses locataires la propriété dans son intégralité. Elle peut accueillir des groupes de 10 à 500 personnes. L’occasion de découvrir la vie de château dans un cadre somptueux, en profitant de prestations hôtelières. L’équipe du domaine accueille des clients du monde entier, venus s’immerger dans l’univers du XVIe siècle. La directrice du château aide à concevoir chaque séjour dans les moindres détails. Il est notamment possible d’organiser une murder-party, une séance de yoga et bols tibétains ou de tir à l’arc, des dégustations vins et fromages, ou encore de bénéficier des services d’un chef privé.
Plus de 500 ans d’histoire
Situé à un emplacement stratégique, le château fût bâti au début du XVIe siècle par la famille de Montpezat, désireuse d’avoir un contrôle sur le trafic fluvial. Peu après la Révolution, le Prince de Berghes épouse la fille du propriétaire de l’époque, un notable, et rénove le château afin de le transformer en résidence d’été. Le chantier est confié à Victor Ruprich-Robert, disciple d’Eugène Viollet-le-Duc. C’est à lui que l’on doit les boiseries de style néogothique, très prisé à l’époque. Le château de Saint-Martory est d’ailleurs classé pour ses boiseries et sa façade de la Renaissance. La bâtisse se compose d’une tour de garde et d’un corps de logis principal constitué de murs de deux mètres d’épaisseur. Les fenêtres à meneaux, les échauguettes et les meurtrières nous plongent plusieurs siècles en arrière.
Des pièces de vie habitées par le passé
Le Château dispose de cinq espaces de vie distincts, et se dévoile au fil d’un escalier à colimaçon. La Salle des Gardes, parfaitement préservée, possède de larges dalles creusées par les pas. Le Salon Rouge, remanié au XIXe siècle dans un pur style Revival Gothic, dispose d’une cheminée copiée sur un modèle présent au château de Blois. Elle est surmontée des armoiries du Prince de Berghes. Dans l’ancienne chapelle, transformée en bureau, se trouve une étonnante paire de meubles de notaire du XVIIe siècle, des bargueños. Quant au Salon Jaune, et son sol en pierre de Belbèze, il possède une cheminée décorée de fleurs de lys.
Un billard sous les combles
La salle de jeux a quant à elle été créée sous les combles par l’actuel propriétaire. Au centre de la pièce, un billard français et une majestueuse table en jacaranda sont la promesse de belles fins de soirée. Ici, la décoration se veut davantage contemporaine. On y retrouve notamment des photos de rappeurs de Janine Gordon, et un tableau de Thierry Alet. Juste à côté se trouve la Suite du Billard qui profite d’une belle luminosité et d’un panorama exceptionnel sur la propriété, avec en arrière-plan les Pyrénées. En mélangeant les styles et les époques, le propriétaire confie vouloir que ses clients se sentent « comme à la maison ». Art Déco, et art contemporain, style Biedermeier, Haute-Époque, meubles de ferme et design brésilien se confondent dans une élégante et subtile harmonie.
Des suites au confort moderne
Le château dispose de sept suites décorées au hasard de trouvailles faites dans des brocantes et dans des salles des ventes. La Suite Royale, au premier étage, est exposée plein sud. Elle offre une jolie vue sur la métairie et sur le parc. La salle de bain attenante, et ses murs à la chaux rose, est unique en son genre avec sa confortable banquette verte, réalisée sur mesure, et ses estampes suggestives.
La tour de garde abrite quant à elle la Suite des Ancêtres, décorée avec des portraits de famille. La Suite de l’Évêque, appelée comme cela car elle eut hébergé un évêque, surplombe la Garonne et dispose d’un petit salon. Au second étage se trouve la Suite d’Ombrie, son nom faisant référence à la table unique, provenant d’Italie et fabriquée au XVIIe siècle, qui se trouve au centre de la chambre. La tour de garde principale abrite également la Suite de Laura, habillée de toiles d’artistes régionaux tels qu’Albert Regagnon.
La Suite Cathédrale
Les couloirs menant à chaque pièce méritent eux-aussi le détour, avec leurs vitraux, peintures et des œuvres photographiques contemporaines dont une de Cindy Sherman. Des portes dérobées dissimulent également un passage secret. Dans la Suite Cathédrale, l’actuel propriétaire a laissé s’exprimer son goût pour l’art contemporain et le design. Cette pièce profite d’une incroyable hauteur sous plafond, une partie des combles ayant été mise à nue. Elles laissent apparaitre l’ossature en bois du château. Un spectacle magnifié par le choix du mobilier et de la décoration.
Ayant vécu au Brésil, le propriétaire actuel en a profité pour rapporter des pièces phares du designer Zanine Caldas, telles que des fauteuils et une chaise longue. On y trouve également des photos d’Ola Kolehmainen, des peintures monochromes, et des vases d’inspiration italienne. Quant au lit, trônant sous l’enchevêtrement de poutres, il repose sur une structure en platane.
Charme du Sud à la Métairie
Face au château se trouve la Métairie, construite autour de 1854 lorsque le Prince de Bergues entrepris des transformations. Ses vieilles pierres, sa cour carrée et les tuiles de ses toits lui confèrent un charme typique des maisons du sud de la France. Ce bâtiment se divise en plusieurs parties. La première abrite le logement du propriétaire, ainsi que trois chambres supplémentaires mises à la disposition des clients. La Suite Gabriella, claire et lumineuse, est agrémentée de touches de décoration dans des tons chauds. Elle dispose d’une salle de bain moderne, entièrement noire, à l’image de celle de la Suite Cathédrale. La chambre Virginia profite elle aussi d’une très jolie vue sur le parc. Elle partage une salle de bain avec la chambre Noa, équipée quant à elle de lits jumeaux.
D’étable en salle de réception
Une seconde partie de la métairie a été transformée en grande salle de réception au sol en béton ciré. Il s’agissait autrefois d’une écurie, comme en témoignent les abreuvoirs conservés par le propriétaire. Les œuvre de Jean Ray et de Michel Batlle viennent également habiller les lieux. La vigne vierge, ornant les murs extérieurs du bâtiment, lui apporte encore plus de charme. Un autre édifice accueille les cuisines réservées au traiteur. Il se prolonge en un grand préau ouvert sur la cour de la métairie. Il est possible d’y organiser des repas, ou des soirées dansantes, été comme hiver grâce à la présence de lampes chauffantes. À l’entrée du domaine se trouve également la conciergerie pouvant accueillir deux personnes.
Un domaine boisé
Le Château de Saint-Martory se trouve sur un domaine de 40 hectares bordé par la Garonne. Il possède un grand parc en lisière d’une forêt de chênes, d’érables, de pins, de frênes et de merisiers. On peut y apercevoir des biches gambader, et l’été, il est possible d’y ramasser les fruits du verger. Une invitation à découvrir cette propriété boisée, en empruntant l’un des nombreux sentiers. Derrière le château se trouve la piscine du domaine, ouverte tout au long de la belle saison. Les plus courageux peuvent aussi se lancer à l’assaut des cols mythiques des Pyrénées, des offres spécifiques étant proposées aux amateurs de la petite reine.
Le projet Art500
Le château de Saint-Martory fait également office de résidence d’artistes, et est le lieu d’expositions temporaires. ART500 est le nom donné au projet artistique du domaine. Une rétrospective de l’œuvre de Michel Battle y fut organisée en 2015, avant d’accueillir en 2017 le travail de Patrick Willock autour de la question des migrants. Un travail auquel prirent part les réfugiés logés dans le village, ainsi que ses habitants. L’occasion d’échanges et de belles rencontres. Le fruit de son travail est aujourd’hui visible au sein du domaine, et notamment sur une large bâche accrochée à l’extérieur du bâtiment. Le photographe Robin Maddock fut quant à lui accueilli en résidence en 2018. Le domaine de Saint-Martory a ainsi su conserver l’âme du château, tout en le faisant entrer dans l’ère de l’art contemporain et du design.