Hanin Salama, Designer et créatrice des Ateliers Sahin

Se considérant comme une amoureuse de l’artisanat, Hanin Salama nous dévoile une…

Se considérant comme une amoureuse de l’artisanat, Hanin Salama nous dévoile une première collection riche d’influences.

Si le bois fût longtemps son matériau de prédilection, l’envie de redécouvrir le pays de ses origines la pousse à partir tout près d’Hanoï, à Bát Tràng, où elle intègre l’atelier de céramique Đức Tân. De ces quelques mois en immersion est née sa première collection, Sơn Đất, qui signifie « peindre la terre ». Rencontre.

Hanin Salama, Designer et créatrice des Ateliers Sahin
©les ateliers Sahin

Pourquoi les Ateliers Sahin ?

Les Ateliers, au pluriel, car mes collections sont toutes cosignées. Je me déplace au sein de différents ateliers pour concrétiser chacun de mes projets. La prochaine étape serait d’ailleurs de collaborer avec des artisans de Toulouse. Quant à Sahin, c’est tout simplement la contraction de mon nom, Salama, et de mon prénom, Hanin.

La première collection ?

Hanin Salama, Designer et créatrice des Ateliers Sahin
©les ateliers Sahin

Cette première collection est née de mon désir de redécouvrir le Vietnam, sept ans après mon dernier séjour là-bas. Elle incarne aussi mon souhait de me familiariser avec cet art ancestral qu’est la céramique. Je voulais également questionner l’idée de perte et de gain dans l’usage et la culture. La vision académique qui domine au Vietnam permet de préserver certaines traditions, mais elle est aussi, selon moi, à l’origine d’une carence de création.

Des inspirations ?

Je me suis toujours interrogée sur la question de culture, ou plutôt d’acculturation, dans une société de globalisation et de modernité au profit de l’occidentalisation. Née en Palestine, d’où mon père est originaire, j’ai ensuite passé une partie de mon enfance au Yémen. J’ai également des racines vietnamiennes du côté de ma mère. Naturalisée française, c’est à l’âge de sept ans que je suis venue vivre en France, à Toulouse. La transmission, l’identité et l’usage sont des sujets dans lesquels je puise mon inspiration.

Une marque de fabrique ?

Le multiculturalisme est au cœur de mon travail. C’est en quelque sorte ma marque de fabrique. J’aime créer des frictions entre les formes, les esthétiques, les techniques et les cultures. Il est d’ailleurs étonnant de voir des personnes d’Amérique Latine, d’Asie ou encore d’Afrique avoir l’impression de reconnaître des motifs propres à leur culture dans une même gravure. Construire des ponts entre différents domaines, et différentes cultures, permet de créer un langage commun.

Le processus créatif ?

Tout comme je bâtis des ponts entre les cultures, j’en conçois également entre les outils. J’aime me les approprier, les détourner, voire en créer. Il m’arrive par exemple d’utiliser des outils réservés au travail du bois, pour celui de la céramique. Au Vietnam, j’avais récupéré des morceaux de mètres perdus pour concevoir des mirettes. Mais face à l’inventivité des artisans de l’atelier de Bát Tràng qui concevaient leurs outils à partir de vraiment rien, j’étais une petite joueuse ! En tout cas je n’ai pas de processus instauré. Je préfère m’adapter, quitte à multiplier les allers-retours. Je travaille aussi beaucoup avec la conceptualisation 3D, mais cela ne comble en rien mon besoin de créer, de toucher la matière.

Une création marquante ?

Hanin Salama, Designer et créatrice des Ateliers Sahin
©les ateliers Sahin

Le vase BH4 de ma collection « Sơn Đất » ! Il m’a demandé énormément de travail et de persévérance pour trouver des solutions aux nombreux problèmes que j’ai rencontré. J’ai dû recommencer plusieurs fois, et refaire l’original en dur.

La rencontre avec les artisans de Bát Tràng ?

Au Vietnam, il y avait une confrontation de cultures. J’étais également dans la découverte au milieu d’artisans aguerris. Ma relation avec eux était cependant très chaleureuse. Ils m’avaient d’ailleurs surnommée leur « fille adoptive ». Le fils du propriétaire de l’atelier Đức Tân de Bát Tràng était diplômé des Beaux-Arts de Hanoï. C’était donc très enrichissant de confronter nos visions. Alors qu’il était ancré dans la tradition et l’ornementation, avec une démarche académique, j’étais dans une volonté de simplification. 

Une couleur préférée ?

Je les aime toutes ! Cependant, il est vrai que le vert olive, voire kaki, est très présent dans mon quotidien. J’aime aussi beaucoup le bleu, comme le cobalt, que l’on retrouve sur l’un de mes vases. Pour cette première collection, j’ai d’ailleurs privilégié des couleurs jouant avec les courbes et la lumière. Des bleus, des verts et des beiges qui relèvent aussi de l’ordre de l’affect. Des couleurs qui m’ont tapé dans l’œil et qui collent avec cette volonté de simplification.

Des aspirations ?

Revenir vers le bois et vers une décoration fonctionnelle, mais ne répondant pas forcément à des besoins primaires. J’aimerais aussi beaucoup aller vers des projets me permettant de mixer les arts. Je suis une amoureuse de l’artisanat, ne voulant pas choisir et ayant envie de tout essayer. Je veux tout hybrider !

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