Entretien sans concession sur sa vision de l’art et des artistes.
Pourquoi organiser des salons d’art ?
J’ai organisé le premier en 2008, un salon auquel j’aurai bien aimé participer si on me l’avait présenté. À cette époque, il n’y avait pas encore beaucoup d’événement de ce type, même si cela a explosé ces cinq dernières années… Mon objectif principal était de permettre au plus grand nombre d’aborder l’art sans complexe, sans être élitiste et en changeant un peu les codes, car le monde des artistes est très fermé et parfois même « consanguin »…
Vous êtes pourtant vous-même un artiste ?
J’ai réalisé une centaine d’expos un peu partout en France jusqu’au début des années 2000. Mais j’ai plus d’intérêt pour le travail des autres que pour le mien, j’adore dénicher des talents et les mettre en avant. Issu d’une famille d’amateurs d’art et de collectionneurs, c’est certainement par une sorte d’atavisme que je suis également devenu peintre.
Quel est votre style de peinture ?
D’une formation artistique classique, j’ai naturellement commencé par la peinture figurative mais ayant compris que je n’apporterai aucune contribution majeure, j’ai trouvé une source d’inspiration évidente dans l’abstraction où le champ des possibles est beaucoup plus ouvert à la création.
Quelle est la plus belle œuvre que vous ayez collectionné ?
Et que je n’ai plus !… C’était une très grande aquarelle de Marcel Gromaire, un cubiste avant l’heure. C’est une des premières œuvres que j’ai acquise et que j’ai revendue au bout de 20 ans. Même si c’est toujours difficile de se détacher de ses coups de cœur, il faut savoir le faire pour faire fructifier sa collection.
Votre artiste préféré ?
Celui qui me porte le plus est Kandinsky, pour différentes raisons, mais la première tient dans sa transformation car il a su sans cesse se réinventer. Ce qui m’intéresse chez un artiste, c’est sa capacité à grandir au sein de son chemin artistique, alors que certains ont du talent mais ne font que se dupliquer toute une vie.
L’art qui vous fait le plus vibrer ?
Ce n’est finalement pas la peinture mais la sculpture, notamment sur bois, un matériau extrêmement vivant, en référence à l’art statuaire médiéval. Malgré sa fragilité, son état demeure souvent intact aux assauts du temps. C’est un témoignage qui reste à travers l’évolution de l’humanité, un peu comme les châteaux qui traversent les siècles.
Quelle architecture vous interpelle le plus ?
Sans doute l’art Roman. Il relie les hommes à travers le temps. L’architecture Romane évoque le dépouillement et l’épure, loin des choses matérielles et de l’immédiateté de notre époque. Quand je vois les constructions modernes et les avancées technologiques, je me demande ce qu’il en restera.
Quel est le lieu qui vous ressource ?
J’ai deux endroits ! Le premier est « mon » arbre dans le parc du château de Versailles, qui a plus de 300 ans et n’a pas succombé à la tempête de 1999. Il a été le témoin du Roi Soleil, ça m’épate ! Le second est sur la côte basque, c’est le col de Lizarrieta par Sare. Tout en haut, on peut voir la mer de Bordeaux jusqu’à San Sebastian. La vue est absolument extraordinaire !
Et pour finir, l’œuvre qui vous a le plus choqué ?
C’est plutôt le piège de l’art conceptuel dont le corollaire est une sorte de « no limit », allant parfois jusqu’au « foutage de gueule ». Sans vouloir paraître réactionnaire, un seau avec un balai, est-ce vraiment une œuvre d’art ? Ou comme le provocant « plug géant » de Paul McCarthy ! Tout le monde n’est pas Marcel Duchamp et n’en a pas le talent. S’il peut y avoir motif à réflexion, si l’interpellation est intéressante, l’artiste doit témoigner sa capacité à créer une sorte de « sas pédagogique », une passerelle, sans imposer une violence au monde. Sinon, c’est son message même qui se perd…
Photos : FPM