L’œuvre d’Eglusha, une progression perpétuelle guidée par la curiosité et la quête de liberté d’Eglé Simkuté.
Explorer les couleurs et les matières dans une certaine dualité, c’est ainsi qu’Eglusha aime à créer. Ses œuvres protéiformes, mais toujours organiques, sont le reflet de son cheminement dans l’art comme dans la vie.
Quel parcours ?
Née en Lituanie, Eglė Simkutė s’installe dans la Ville rose à l’âge de neuf ans. Depuis aussi longtemps qu’elle se souvienne, l’art et la décoration l’ont toujours habitée. Elle débute pourtant sa vie professionnelle dans l’univers de la coiffure et ouvre un salon qui connaît un vif succès : « J’ai aimé transmettre mes connaissances et mon savoir-faire, mais ce n’était pas moi. Lorsque je travaillais sur des shootings, je rêvais d’être à la place du photographe ! ».
Pourquoi la peinture ?
Passées quelques années, l’illustration numérique la ramène vers ses aspirations premières : « Le dessin sur tablette m’a réconciliée avec la création artistique et m’a aidé à dépasser la peur de la matière. Petit à petit, je suis revenue à la peinture ».
Le travail photographique ?
« La photographie a toujours été présente » confie Eglusha qui considère cela à la fois comme un outil et un travail artistique à part entière. « La photo nourrit le reste. Elle me permet de donner à voir des détails anodins, de montrer la beauté qui se cache dans un univers délabré. C’est d’ailleurs pour ça que j’aime les chantiers : ils regorgent de textures et de matières. »
Une création marquante ?
Sa série de collages, déclinée dans des tons nudes, lui ont ouvert une nouvelle porte. « Un jour, alors que je manquais de supports neufs, j’ai décidé de découper de vieilles toiles et de m’en servir pour faire des collages » raconte-t-elle avant d’ajouter : « J’ai travaillé l’émail pour voir comment capter la lumière. Cette série m’a aidé à glisser vers le volume et à me détacher d’une vision académique ».
Des inspirations ?
Eglusha puise son inspiration dans un travail constant de recherche, explorant sans cesse différentes matières : « Il m’est arrivé de peindre avec du ciment car à ce moment-là j’étais dans les travaux ! Je ne me fixe aucune limite. Tout peut être source d’inspiration, même le chaos dans lequel se cache souvent l’harmonie ». Il en ressort des paysages contemporains inspirés d’espaces urbains, ainsi que des formes intimes, presqu’humaines.
Des artistes phares ?
Parmi les artistes phares dont elle apprécie le travail : Miriam Cahn et ses peintures de corps troublants, ou encore l’art corporel de Marina Abramovic. « L’univers punk des années 70 m’a toujours fascinée car il incarne un rêve de liberté et une quête d’insouciance. Le Bauhaus est également un courant dont je me sens très proche et qui transpire dans mes œuvres ».
Le processus créatif ?
Son travail est marqué par la continuité : « Chaque série m’amène vers la suivante. C’est un cheminement artistique, il n’y a pas de retour possible en arrière. Les croquis précèdent souvent une œuvre, bien qu’ils n’aient jamais rien à voir avec le résultat final ! Ils m’aident juste à me lancer et à jeter mes émotions sur le papier ».
Des thématiques récurrentes ?
L’œuvre d’Eglusha mêle structures sculpturales et lumière. Les formes sont douces et organiques, évoquant parfois des corps recroquevillés. « Le corps est comme une matière, un objet que je cherche à m’approprier. Je veux le banaliser, lui rendre sa place, sa fonction première. Mes œuvres reflètent un corps ni beau, ni moche, ni sexualisé. Sans doute une façon de revendiquer ma liberté, et de retrouver celle de l’enfance ».
La couleur ?
« J’aime les couleurs sourdes et passées, voire fumées. Dans mon travail j’accorde désormais une attention particulière aux formes, après avoir longtemps privilégié la couleur. Aujourd’hui, les deux m’importent tout autant. Il y a une dualité entre mon cerveau, sensible aux couleurs, et mes mains, en demande de formes et de matière. C’est un équilibre à trouver ». Dans les œuvres d’Eglusha, la forme et la couleur sont au service l’une de l’autre.
Des aspirations ?
Son cheminement créatif l’a depuis peu menée à la céramique : « Les peintures sont figées et nous regardent de haut, alors que la terre est vivante et nous laisse la chance de nous tromper. Je suis une amoureuse des objets et j’ai envie d’amener mon univers artistique dans celui de la maison et du quotidien. Avec Eglusha Studio, j’ai pour projet de proposer des objets tels que des coussins, des vases, des bougeoirs ou encore des bas-reliefs. La décoration est en moi depuis toujours ! » Ses œuvres et objets décoratifs seront à retrouver sur le nouvel e-shop de son site internet en septembre 2022.
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