Originaire de la région lyonnaise, Clément Benoit a choisi la Ville rose pour ouvrir, en 2021, son atelier de lutherie, spécialisé dans les instruments du quatuor.
Après un cursus en ébénisterie, Clément Benoit poursuit ses études à l’école de lutherie de Newark-on-Trent, en Angleterre. Pendant quatre ans, il étudie en anglais, la fabrication des instruments du quatuor : violons, altos et violoncelles.

Êtes-vous musicien ?
Oui, enfant, j’ai appris à jouer de la trompette. Adolescent, j’ai eu envie de m’essayer à la guitare. C’est à partir de là que j’ai commencé à me demander : « Comment est-ce fabriqué ? » C’est ce qui m’a poussé à entreprendre des études de lutherie. Il existait une section guitare à Newark, mais ma méconnaissance de l’anglais m’a fait manquer cette opportunité. Finalement, je me suis passionné pour les instruments du quatuor, et je trouve un bon équilibre dans cette séparation entre mon instrument personnel et mon métier.
Vos sources d’inspiration ?
Comme beaucoup de luthiers, je m’inspire de l’école de Crémone en Italie, berceau des Stradivarius et des Guarneri. Mais j’ai aussi de l’intérêt pour les lutheries plus inhabituelles. En Angleterre comme aux Pays-Bas, l’esthétique des instruments du quatuor diverge beaucoup du modèle italien. Et cela ouvre des portes en matière de sonorités. Quand j’étais étudiant, on nous a demandé de concevoir un violon en 24 heures. Le projet consistait à sortir des techniques et des matériaux classiques de construction. Le résultat, c’est un violon parfaitement asymétrique dont le son est plutôt bon !
Une piste à creuser…

Combien de temps pour façonner un violon ?
Cela prend cinq semaines en moyenne, uniquement pour travailler le bois d’un violon en devenir. C’est-à-dire sans l’étape du montage ni l’application du vernis, dont il faut tout de même dix à quinze couches. Donc, l’objet fini dépend grandement du temps de séchage du vernis. Selon la légende, la qualité sonore des stradivarius viendrait du vernis. Même si l’importance du vernis sur le son est évidente, je pense qu’il faut la relativiser. Il a avant tout une fonction esthétique et de protection du bois. Il serait réducteur pour le reste de l’instrument de lui attribuer de telles vertus.

Les étapes de fabrication d’un violon ?
À partir d’un dessin, je fabrique un moule en bois qui me sert à cintrer les éclisses. Ce sont les côtés de l’instrument, qui définissent son contour. Dans un morceau d’érable, je sculpte la voûte du fond et dans de l’épicéa, la table. J’utilise de la colle pour assembler les différents éléments. Une fois que la « boîte » est faite, je sculpte le manche dans de l’érable, puis je l’assemble au reste de l’instrument. Une fois l’instrument blanc terminé, je le vernis. Reste le montage : je taille le chevalet et les chevilles en prenant soin de régler « l’âme ». C’est le bout de bois qui permet la projection sonore. Dernière étape, l’installation des cordes, qui révèlent la sonorité de l’ouvrage.

Des ambitions pour l’avenir ?
J’ai dans l’idée de développer certaines pièces des instruments à partir d’une imprimante 3D. Cela me permettrait d’avoir une alternative au bois d’ébène, matériau menacé. Du fait de ses qualités physiques et mécaniques, il est actuellement indispensable pour façonner les chevilles, la touche, le cordier et la mentonnière. Je réfléchis aussi à la possibilité d’offrir des mini-formations au public, pour désacraliser un peu mon métier. C’est vrai qu’il faut beaucoup de savoir-faire pour fabriquer un violon, mais j’ai la conviction que c’est possible de rendre cela plus accessible. Et j’aimerais insuffler aux autres la confiance nécessaire pour se faire plaisir en créant un objet de leurs mains.
Clément Benoit Luthier – 9 bis rue de la Colombette, 31000 Toulouse – 07 65 28 92 53 – contact@benoit-luthier.fr – Site web : www.benoit-luthier.fr – Ig : @benoitluthier – Fb : Clément Benoit, Luthier