Photo : Michel Figuet
Vous vous définissez comme « designer graphique », qu’entendez-vous par là ?
Pour moi, tout est graphisme. On réfléchit à un sujet, une problématique, des contraintes, un cadre spécifique. En tant que designer graphique, je travaille sur tout support sans aucune distinction. Chaque support est une ouverture vers quelque chose de différent. Dès mon adolescence, j’ai customisé des objets, des vêtements, peint des appartements avec mes amis… En expérimentant autant et aussi jeune, je ne me suis pas enfermé dans une pratique plutôt qu’une autre. J’ai ensuite étudié le graphisme.
Depuis combien de temps collaborez-vous avec les Mama Shelter ?
Cela fait sept ans. Je suis tombé amoureux du concept de leurs plafonds en découvrant celui de Paris à l’occasion d’une soirée consacrée à deux photographes qui ont immortalisé le Hip Hop, Martha Cooper et Henry Chalfant. En fréquentant le lieu régulièrement, j’ai passé mon temps à regarder le plafond en imaginant ce que je pourrais faire. J’ai commencé avec le Mama Shelter de Marseille, quand Philippe Starck était encore aux manettes du design. Nous étions alors plusieurs à travailler sur les plafonds des Mama Shelter. Aujourd’hui, je suis seul.
Comment concevez-vous ces plafonds ?
Je commence par m’imprégner de l’espace, des volumes. D’abord sur plan, ensuite en direct. Je travaille en collaboration étroite avec le designer en charge de l’établissement, Thierry Gaugain à Toulouse par exemple. J’ai collaboré notamment quelques années avec le designer Jalil Amor qui m’a beaucoup appris sur la relation du visuel à l’espace. Tout doit se faire très rapidement et en environnement contraint vu que les travaux continuent pendant que je travaille. Je dialogue d’ailleurs beaucoup avec les autres intervenants sur le chantier, j’écoute les commentaires, les idées et je les intègre. Je suis assez libre dans mes créations, je collabore néanmoins très étroitement avec le département design auquel je propose les grandes lignes et soumet mes esquisses.
Photo : Francis Amiand
Quelles ont été vos inspirations pour le Mama Shelter de Toulouse ?
J’ai cherché une composition qui soit intéressante visuellement. La Garonne s’est imposée. Elle traverse toute la pièce du restaurant et relie des idées fortes. On retrouve par exemple le Château Narbonnais, des références à l’occitan, aux troubadours, aux peintures rupestres du Sud de la France. Les formes choisies ne sont pas toujours instantanément reconnaissables pour lais- ser du suspense ou une libre interprétation, comme la patte de poule pour l’identité du Mama Shelter. Il n’y a pas de lecture unique.
Vous n’avez pas fait que les plafonds du restaurant ?
J’ai également réalisé ceux des salles de réunion ainsi que le mur de la bagagerie. Je dois revenir pour le rooftop et peut-être concevoir des projections pour animer le mur de la terrasse.
D’où viennent les textes qui émaillent vos créations ?
De partout. De mes lectures du moment, d’une poésie croisée il y a des années, d’une phrase qui m’a marquée dans la journée… Notez que c’est le point de vue qui fait la lecture. Selon la place où vous vous trouvez, vous interpréterez différemment tant les mots que les images. Réfléchir m’apporte autant si ce n’est plus que réaliser. Maîtriser le message, la compréhension.
Sur quels autres projets travaillez-vous ?
Pour les Mama Shelter je fais aussi du graphisme, je viens de réaliser leurs menus, des fresques sur les murs, des néons, même des parapluies. Je réalise actuellement pour d’autres clients, le graphisme d’étiquettes de vin, la décoration de cuves dans un château bordelais, le décor et la signalétique d’un concept de coworking novateur.
Je réalise aussi des pochettes de musique pour artistes, des affiches de festival… des illustrations diverses. Je suis également peintre. Même si j’aime les réalisations rapides et efficaces comme les plafonds des Mama, je peux passer un mois sur une toile.
Vous avez d’autres envies ?
Tous les supports et tous les secteurs m’attirent : le graphisme mais l’image de manière plus générale, customiser des objets du quotidien, travailler avec le monde de la mode, traiter de sujets plus compliqués comme le vin, concevoir du mobilier, des luminaires… bref, il n’y a pas de limites.
Photos : Francis Amiand
Bio rapide
Naissance le 1er juillet 1983 à Chartres.
Diplômé d’une École de graphisme en communication visuelle (Arts Appliqués).
Freelance depuis ses débuts, il collabore depuis sept ans avec le groupe Mama Shelter.
Réalisation d’une partie des plafonds des Mama Shelter de Marseille, Lyon, Bordeaux, Istanbul, Rio ; de la totalité pour Belgrade (800 m2), Prague (600 m2), Toulouse.
Prochain plafond : Lille en 2019.