Des Woodyboys au Woodycub

Menuisier ébéniste, Antoine Imbert a choisi il y a quelques années de donner un tournant plus artistique à sa pratique.

Antoine Imbert nous présente son travail et sa dernière création, le Woodycub.

Pourquoi le bois ?

C’est une belle matière, naturelle, non toxique et renouvelable. Je n’aime pas le plastique, ni les finitions chimiques. Je ne les utilise que quand j’y suis obligé.

Comment avez-vous commencé à le travailler ?

Après le Bac, suite à la visite d’un atelier de menuiserie. Comme j’ai toujours été manuel et créatif, j’ai trouvé là un métier avec lequel utiliser mes mains. J’ai entamé ma formation : un CAP de menuiserie chez les Compagnons puis un autre d’ébéniste en candidat libre. Je me suis ensuite auto-formé pendant des années, sur internet ou en cherchant mes propres solutions. En travaillant dans beaucoup d’entreprises, j’ai rencontré des personnes avec des façons de faire et des visions différentes. Je m’en suis librement nourri et inspiré.

© Antoine Imbert
© Antoine Imbert
Vous avez désormais votre propre atelier ?

Il m’a fallu cinq bonnes années en entreprise avant de réellement m’installer. Depuis une dizaine d’années, je travaille à mon compte et je suis arrivé à Toulouse en 2019. J’ai rejoint un super atelier partagé à Carbonne où nous sommes trois à utiliser de grosses machines de menuiserie classique. J’y ai aussi installé ma propre machine à commandes numériques que j’ai fabriquée pour réaliser mes créations.

Vous avez pris un virage créatif ?

Ça a commencé avec mon premier Lego® en bois, en 2017, quand j’ai voulu ajouter un côté plus artistique à ma pratique, pour ne pas faire que des cuisines et des placards ou des meubles de marqueterie de style Louis XV.

Il y a eu toute une série de Woodyboys ?

J’ai fait des Lego®, des Playmobil®, et d’autres personnages comme Bender, Batman… Mais je ne me suis pas cantonné aux « bonhommes en bois ». J’ai aussi créé des objets et des sculptures : des tableaux gravés, des boîtes, des tables, des plateaux de jeu, des plats, des saladiers, des vases… même une borne d’arcade accueillant une console de jeu.

© Antoine Imbert
© Antoine Imbert
Quelle est votre plus belle création ?

Elle n’est pas en bois : c’est mon Lego® en fonte d’étain. J’en ai fabriqué deux de 24 cm, un poli et un brossé. J’en ai mis un en vente et il est parti en deux jours. L’autre, je vais le garder à vie !

Sur quoi travaillez-vous en ce moment ?

Depuis 2018, je développe mon Woodycub. Une amie, qui avait fait le championnat de France de Rubik’s Cube, m’a lancé le défi d’en fabriquer un en bois. Je pensais que ce serait impossible d’adapter un tel mécanisme au bois !

Vous avez réussi ?

J’ai raté, modifié, amélioré mon prototype et j’ai fini par créer deux versions. La première était composée de faces de 3×3 cubes Menuisier ébéniste, mais il fallait fabriquer 27 cubes : deux semaines de travail avec un mécanisme complexe, c’était trop… Alors je me concentre sur la deuxième version, qui est commercialisable, avec 8 cubes imbriqués (2×2). C’est au point depuis 2019 mais toujours en cours d’amélioration. La marque Woodycub est déposée et le brevet est en cours de dépôt auprès de l’INPI (NDLR : Institut national de la propriété industrielle).

© Antoine Imbert
© Antoine Imbert
Vous nous présentez ce Woodycub ?

De taille 30×30 cm, c’est à la fois un objet de décoration et un tabouret. Il est composé de 6 faces avec 6 bois de couleurs diff érentes choisis pour leur harmonie : noyer, platane, padouk, hêtre, chêne et merisier. Sur chaque face, le placage d’une essence de bois se suit sur les cubes, comme si c’était taillé dans une seule et même planche.

Le choix de ces essences est important ?

Je me pose en effet de plus en plus de questions éthiques. J’évite les bois exotiques qui peuvent dégager beaucoup de gaz toxiques pour travailler les locaux comme le chêne, le frêne, le merisier ou le châtaignier. Le chêne, par exemple, a un coût abordable, il est solide et beau avec sa couleur claire.

C’est votre conscience écolo ?

Oui, et c’est la même chose pour les finitions. L’idéal ce sont les huiles naturelles, comme celle de lin, de noisette, de noix de coco ou encore la cire d’abeille. J’en ai testé plein car je veux participer le moins possible à ce qui est en train d’arriver… J’évite tout ce qui est mauvais pour la santé et l’environnement. Même chose pour les colorations du bois : l’encre, le vin, les tomates, le curcuma… tout peut être détourné !

Vous avez une recette à nous partager ?

Mélangez du vinaigre de vin blanc à de la paille d’acier, attendez 24 heures, filtrez, appliquez le mélange sur le bois et il noircira ! En faisant ressortir les tanins, ça l’ébonise et c’est 100 % naturel.

Revenons au Woodycub. Il est déclinable ?

Je travaille actuellement sur différents modèles pour proposer des versions accessibles à tous les budgets, en fonction des variétés d’essences de bois utilisées, ou avec des marqueteries incrustées pour des versions plus artistiques et luxueuses.

Où peut-on le trouver ?

Vous pouvez suivre ses évolutions sur le compte Instagram qui lui est dédié et je suis à la recherche de boutiques pour le présenter et de galeries où l’exposer.

www.woodycub.fr

Instagram : woodyboys et woodycub

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