Un bel appartement tout en enfilade 

L’architecte d’intérieur toulousain Jean-Luc Vieillard nous a ouvert les portes de son nouvel appartement bureau.

C’est dans un vieil hôtel particulier du centre-ville de Toulouse, datant du XVIIIe siècle, que s’est installé au printemps l’architecte d’intérieur Jean-Luc Vieillard. Spécialisé dans la rénovation de vieilles demeures et appartements depuis 20 ans, il a eu un véritable coup de cœur pour cet appartement de type haussmannien. Sa particularité ? « Des pièces toutes en enfilade et tout à refaire. » 

Si les parquets, les vieilles portes, les moulures et autres boise- ries avaient été bien conservés, le reste nécessitait d’être rénové. L’architecte d’intérieur en a fait un appartement à son image, per- mettant d’y recevoir en même temps ses clients, un peu comme dans un showroom, avec un mélange d’ancien et de contemporain, sa marque de fabrique. 

Parquet Versailles et tomettes d’époque 

Derrière un portail imposant, se dresse tout d’abord la façade magnifiquement restaurée de couleur ocre jaune, exposée plein ouest, avec une cour privée intérieure baignée de soleil. Grand porche, cage d’escalier au parquet Versailles et tomettes d’époque que l’on retrouve ensuite dans l’appartement. 

Au premier étage, cet appartement haussmannien, d’une surface de 80 m2, en paraît beaucoup plus : il bénéficie d’une belle hauteur sous plafond (3,70 m) qui donne l’impression d’une surface bien plus importante. 

Unité et éclectisme 

La luminosité s’infiltre par une enfilade de six fenêtres, toutes protégées par des volets persiennes en bois du XVIIIe, de la couleur imposée par les Bâtiments de France, gris perle. Elles sont toutes voilées des mêmes rideaux en velours de lin blanc de chez Tissus Dominique Kieffer, procurant une ambiance chaleureuse. Tous les murs et portes ont été repeints avec de la peinture anglaise dans ce même coloris gris perle. Une unité qui tranche avec le reste de la déco plus éclectique, composée d’objets de designers et d’autres chinés. 

Une cuisine modernisée 

Le petit sas d’entrée, dans lequel a été créé un dressing, débouche sur l’enfilade de pièces. Seul le bureau, situé le plus au fond de l’appartement, est accessible par un couloir. La visite débute par la cuisine. Elle a été entièrement cassée et l’espace a été réaménagé par Maison Helios (Ariège), avec des éléments de couleur taupe. Jean- Luc Vieillard souhaitait des colonnes de rangement et un ilot central pour pouvoir y déjeuner. Il est recouvert d’un plan de travail taupe bleuté, le même que la crédence. Aux murs, plusieurs tableaux dont un dédié au vin de Gaillac de l’artiste locale Jocelyne Bonzom. 

Des coups de cœur 

Et du mobilier chiné ! Dernière trouvaille, ce lampadaire vintage des années 50, acheté chez un antiquaire à Brive, avec ses trois opalines en parfait état. « Quand je l’ai vu, j’ai complètement craqué. Dans la boutique, je savais déjà où j’allais le disposer dans l’appartement. » 

La touche d’ancien se trouve aussi dans un fauteuil estampillé provençal recouvert d’un velours de mohair moutarde de l’éditeur d’ameublement Pierre Frey. La pendule, en noir et blanc, assez imposante, vient d’un antiquaire de Castelnau de Montmiral. 

Un salon showroom 

La pièce suivante est le salon. Le mariage des matières et des inspirations est détonnant. Deux fauteuils Le Corbusier trônent près d’un très grand canapé d’AM-PM de 2,50 mètres de long, de velours bronze. Les fauteuils, de couleur gold, viennent de chez 2B Design. Il s’agit de la nouvelle série éditée par Cassina et signée LC1, avec un dossier et une assise plus épaisse qu’à l’origine. Dans la même boutique toulousaine, Jean-Luc Vieillard a craqué pour deux chaises Panton taupe, le modèle Montana, et un petit guéridon en marbre et cuivre, d’un designer danois. 

Un fauteuil art déco recouvert de lin Kieffer taupe, une console avec un plan de table marbré veiné de rouge, une autre en métal noir AM-PM recevant la télé, un miroir du XVIIIe et une armoire Louis XVI estampillée (ces deux derniers étant des meubles de famille) complètent le « paysage ». Une ambiance comme dans un showroom d’exposition, totalement assumée. 

De la lumière 

La lumière tient une place importante dans cette pièce principale : elle est assurée par une lampe Flos, un lampadaire Artemide, une autre lampe des années 70 provenant de chez Galerie 7… Au plafond, la corniche a été peinte en bleu gris, la même teinte que l’on retrouvera plus loin dans l’appartement. Et des œuvres contemporaines très variées décorent les murs. 

Au sol, un tapis indo-népalais en pure laine fait-main de teinte beige taupé (de la galerie Schanewald), qui change de couleur en fonction du tissage. Il produit son petit effet sur le parquet Versailles d’époque restauré. Dessus, la table basse, le M pont en verre permet elle aussi un mélange des styles « volontaire ». On trouve ici et là des ouvrages d’architecture, de vieilles amphores ramenées de Marrakech et partout des vases et des bougies. 

Pour les repas en nombre, la table en bois de quatre places peut être agrandie pour accueillir jusqu’à 12 convives. Dernier élément remarquable, la cheminée originelle au coffrage en merisier – qui ne fonctionne pas puisque cela est interdit dans tous les appartements de la Ville de Toulouse – dont l’intérieur du tablier a été peint en anthracite « pour lui donner de la profondeur ». 

Un couloir expo galerie 

Au fond, le couloir qui mène au bureau de l’architecte d’intérieur, a été transformé en galerie grâce à une cimaise sur-mesure créée par l’ébéniste Hervé Rouquet permettant d’y poser des tableaux, bien éclairés par des spots coniques noirs (toute l’électricité a été assurée par la Société Alliance Energies Concept). 

« Nous avons choisi d’utiliser l’espace du couloir long et fermé de 7 mètres », précise Jean-Luc Vieillard. S’y côtoient des tableaux chinés et des affiches plus personnelles : une de Man Ray, une autre de Norman Parkinson, et trois affiches originales de voitures des années 30. On y retrouve le plafond et les murs teintés du même bleu gris. Au sol, deux tapis de laine beige taupé ont été réalisés sur-mesure pour recouvrir toute la longueur. 

Un bureau cosy 

Ce couloir débouche sur le bureau dans lequel Jean-Luc Vieillard travaille. Sur un bureau AM-PM très contemporain, en noyer d’Amérique et pieds en métal, et installé dans un fauteuil Stark en cuir beige et bois. Dans cette pièce calme règne le même mélange des styles. Un petit cabriolet années 50, des lampes Foscarini, un canapé en tissu Jim Thomson en velours de lin orange (pouvant servir de lit aux amis de passage), une bibliothèque contemporaine remplie de livres et statuettes, des aquarelles mais aussi un coq coloré de l’artiste peintre Didier Delamonica. « Il est contemporain et unique, j’aime bien ça aussi », précise-t-il. 

Une tête de lit suggérée 

Dans la chambre attenante, on retrouve le parquet Versailles et la même continuité de couleur en gris perle. Pour matérialiser la tête de lit, une large bande bleu gris (la même également que dans le couloir) de la largeur du lit, a été peinte du sol au plafond. Le couvre-lit en velours de soie est assorti à des coussins couleur mastic de Pierre Frey, et à deux tables de chevet en altuglas accueillant des lampes de Flame façon années 50. Un bureau ancien, d’époque Directoire déniché chez un antiquaire à Brive, avec cuir intégré et dorures parfaitement conservées sur le sous-main, se marie avec un fauteuil du designer Ondarreta, en cuir surpiqué café au lait. Une commode Empire (de famille), un tapis persan, un fauteuil Empire d’époque recouvert avec un tissu contemporain, des aquarelles ramenées de différents voyages (Floride, Maroc…) et des stores en velours de lin complètent l’ambiance feutrée de cette chambre. 

Entre les deux jeux de double-portes menant au salon, une pièce vide a été convertie en dressing. Cet appartement, ainsi mis en valeur, ne manque décidément pas de chien. 

Photos : Frédéric Maligne 

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