« Le rêve d’une vie »

À une petite centaine de kilomètres de Toulouse, dans un petit village typique, se niche cette « double maison » du XIIe siècle.

700 m2, pas moins ! Les deux maisons qui forment cette habitation offrent à leurs propriétaires l’espace dont ils rêvaient pour accueillir famille et amis. Ce couple, habitué à voyager pour affaires, souhaitait en effet se créer une parenthèse, loin du quotidien et du travail. Un lieu accueillant, modulable, cocooning. Une forme de retour aux racines pour l’un des deux, natif de la région.


Pas de travaux d’ampleur pour cette maison totalement revisitée par la jeune décoratrice d’intérieur Laura Santini qu’ils ont achetée sur un coup de cœur, après une seule visite. Juste une mise en valeur qui fasse ressortir ses atouts, son cachet.
Au total, ce « rêve d’une vie » s’étale sur 14 pièces. Deux phases de travaux ont été prévues et c’est à l’issue de la première – qui concerne les pièces à vivre et de convivialité – que nous avons eu la chance de réaliser cette visite. Les six chambres seront quant à elles revues dans un deuxième temps. Toutes disposeront à terme d’un dressing, d’une salle d’eau et d’un wc séparé.

Du neuf et du vieux

Un parti pris pour ce chantier : moderniser en mixant le contemporain et l’ancien. « Le résultat devait être actuel, vivant, accueillant, confirme Laura Santini. Mais c’est la maison qui nous a dicté le fil conducteur du vintage et de l’industriel. Elle a imposé son âme tout en accueillant avec facilité les pointes de modernité. »
De manière générale, on retrouve dans cette rénovation de nombreuses matières brutes : cuir, marbre, acier, verre… Les fenêtres et les corniches, jusqu’ici presque invisibles ont toutes été repeintes en noir. Idem pour l’escalier, qui prend enfin toute sa place.

On entre dans la maison par une pièce de passage de 20 m2. Au mur, l’Envolée, une œuvre monumentale de l’artiste toulousain Philippe Gauberti qui la définit comme « une invitation à sortir du cadre de nos certitudes, de notre éducation, histoire et préjugés ». Si à l’origine aucun meuble n’était censé y être installé, au final deux fauteuils de contemplation recouverts d’un tissu à motif de cachets de voyage y ont pris place. Un bandeau led dans la corniche et un spot pour projeter les ombres de l’œuvre mettent en valeur les cubes qui la composent.
Depuis cette entrée, on accède à un salon d’environ 80 m2. « J’avais un impératif ici, conserver les canapés Roche Bobois de l’ancienne propriétaire de la maison. Le nouveau propriétaire est grand et s’y sentait très bien », explique la décoratrice. Le canapé d’angle quatre places rouge a été complètement repensé par une tapissière, Catherine Farrudja, et la décoratrice elle-même pour devenir un canapé droit trois places bleu.
À proximité, trois miroirs imposants offrent une vision sur les autres pièces. Une seconde œuvre de Philippe Gauberti, une Anamorphose en inox polymiroirs, domine la pièce. Une œuvre miniature suspendue à l’entrée du salon assure le lien entre les pièces et les deux œuvres, condition sinéquanone de la propriétaire.

Certitudes et illusions

Dans la pièce, on retrouve un tapis patchwork en cuir, des fauteuils en rotin… Plus loin, un coin lecture a été créé face à la vue imprenable sur la végétation. Un espace qui, comme le souhaitait le propriétaire, appelle à la détente, au repos où se mêlent arômes de cigare, lampe en forme de bidon d’essence vintage (œuvre d’un artiste castelsarrasinois), fauteuils Club en cuir.


Sur ces derniers, deux coussins brodés des lettres « certi » pour l’un et « tude » pour l’autre, en noir sur fond orange, et brodés des lettres « illu » et « sion » en blanc sur fond blanc sur l’autre face, viennent illustrer l’Anamorphose qui nous rappelle de nous méfier de nos certitudes, à savoir « avoir la certitude de lire le mot certitude et l’illusion de lire le mot illusion».


La salle à manger se trouve elle aussi dans cette pièce. Autour de la table en bois brut capable d’accueillir 10 à 12 personnes on joue encore sur les contrastes avec des chaises de designer (Tom Dixon, Fritz Hansen…) et d’autres plus standards voire de récup. Toujours dans un esprit de convivialité, la table donne sur un espace buffet avec l’idée de pouvoir s’y servir quand on veut.

Entre noir et lumière

On entre ensuite dans la cuisine fermée dont la verrière a été totalement repeinte en laiton vieilli. Un mur d’assiettes trône, toujours entre luxe et standard avec des œuvres de Piero Fornasetti, des assiettes Jean-Paul Gaultier, Diesel… Les luminaires quant à eux sont composés chacun de 28 bouteilles en verre. Tout le mobilier rouge a été repeint en bleu nuit et les poignées coquilles teinte laiton vieilli assurent un effet garanti. La crédence en faïence a pour sa part été recouverte de béton ciré anthracite et les murs lissés et repeints en noir. Cette pièce de 20 m2 est également dotée d’un petit cellier.


Retour au salon pour accéder à la salle de jeux de 45 m2, située dans la 2e maison où elle occupe la place de l’ancien séjour/cuisine. Un gros fauteuil, une rangée de fauteuils modulables, un baby foot, un billard, tout est là encore prévu pour rendre l’espace convivial. Un bar a même été créé sur-mesure contre le mur pour ranger les bouteilles et s’accouder. Un luminaire de Seletti s’est révélé indispensable afin d’apporter de la clarté : la pièce donne sur la rue et les barreaux à la seule fenêtre l’assombrissent. Des appliques en tuyauterie éclairent quant à elles le bar et l’entrée de la salle, juste devant l’escalier monumental en acier qui dessert une chambre au 1er et deux autres au 2e. Une cave à vin qui court sous l’ensemble de la maison est également accessible via cette salle de jeu.

Convivialité à tous les étages

On repasse encore une fois par le salon pour prendre cette fois un escalier noir en bois et arriver au premier niveau au salon télé de 25 m2. Un plafond de spots met en valeur l’entrée de cette pièce chaleureuse. Plusieurs étagères existantes ont été rénovées et transformées en un meuble télé par un menuisier, le tout repeint dans le bleu nuit identique à celui de la cuisine. Un cadre mettant en avant le célèbre tableau de René Magritte « La trahison des images », joue le clin d’œil avec la phrase « Ceci n’est pas une pipe ».


Toujours dans un esprit de convivialité, un canapé totalement modulable pour 10 à 12 personnes fait face à la télé. Le tout parsemé de coussins confectionnés sur-mesure par la tapissière. Du velours, du cuir, des tasseaux de bois… les matériaux bruts sont une fois de plus rois. À noter, le tapis composé d’étiquettes en cuir de jeans qui assure la touche de vintage et de récup. Un luminaire descend du 4e étage pour apporter une lumière douce.

 

 

En continuant à monter les escaliers on atteint la bibliothèque, au 3e étage. Cette pièce qui s’étale sur 45 m2 fut d’emblée la pièce favorite de la propriétaire. Les bibliothèques, peintes en bleu nuit pour se fondre dans les murs de la même couleur, se font discrètes. « Nous voulions que ce soit l’invitation au voyage, la culture, qui l’emportent sur le meuble », détaille Laura Santini . Le plafond en bois repeint en blanc, pour redonner de la clarté, met aussi en valeur le parquet. Au milieu de la pièce, un duo de bureaux, chaises, lampes, à l’identique n’attendent plus que leurs propriétaires. Face aux bureaux, un grand plan de travail recouvert de peinture ardoise, dédié aux enfants.
Devant, des chaises d’écolier, avec un rappel de couleur orange pour l’une d’elles (rappelez-vous le coussin du coin lecture). Les patères sur les poutres confortent ce mélange de vintage et de moderne. Les rideaux sur-mesure, en maille ajourée, s’accordent à la cheminée, repeinte en laiton vieilli (rappel de la verrière de la cuisine).

Dehors aussi

Cette première phase de travaux a également concerné, bien qu’à la marge, les extérieurs. Le jardin de la maison se partage en trois espaces en espaliers : la piscine, une terrasse avec barbecue, un terrain de pétanque. Pour faire le pendant de l’intérieur, les fauteuils de la terrasse ont été retapissés en noir avec pour chacun d’eux, une couleur vive différente sur le passepoil. On note la présence d’une table basse en verre Acapulco. Coté pétanque, du mobilier Fermob, un coin apéro avec des chaises multicolores et deux tables, toujours pour la modularité des lieux. Cinq poufs géants, Fatboy, agrémentent la piscine, des pots de fleurs délavés bleu apportent le rappel du vintage. Vivement la 2e phase du chantier !

Photos : Johanna Sarniguet

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