Un hôtel très particulier

Nous avons visité l’hôtel particulier Guilhon, à Lectoure dans le Gers.

Hôtel Guilhon - De Fil en Déco

Il suffit de pousser l’imposant portail pour accéder à une demeure élégante, dans laquelle se côtoient espace et design. Entre ces murs à l’architecture préservée du XVIIe siècle, les nouveaux propriétaires ont réussi à créer un lien entre deux époques. L’hôtel particulier Guilhon a ouvert ses chambres d’hôtes en septembre 2016, après avoir subi deux ans de travaux. Sur trois niveaux, il déploie 900 m2 .

Dans sa configuration d’origine

« À Lectoure, c’est le seul hôtel particulier qui soit resté dans sa configuration originelle, pointe Thierry Gallardo, le maître des lieux, car aux XVIIIe et XIXe  siècles, beaucoup ont construit dans les cours intérieures.» Ce n’est pas le cas ici : une longue terrasse en bois, bordée d’une végétation exotique et dotée d’une belle piscine, mène jusqu’à l’entrée de la bâtisse séculaire parfaitement restaurée et baignée de lumière.

Restauration à tous les niveaux

 « Nous avons dû tout refaire car il y avait eu trop de dégâts causés par les précédentes interventions », confie Thierry. Électricité, peinture, parquets, cheminées, moulures, menuiseries, une partie des stucks… presque tout est passé entre les mains d’artisans locaux.

 

L’escalier en pierres

Dans l’entrée, l’escalier majestueux, en pierres calcaires de Lectoure (dont 11 marches ont été changées par la société SGRP) nous mène à l’étage qui distribue les chambres d’hôtes, aux atmosphères et décorations toutes différentes. En montant, l’oeil est attiré dans la cage d’escalier par une applique géante de chez Vibia, blanche elle aussi, une composition faite sur-mesure.

Deux chambres et trois suites

Chaque chambre a été nommée en référence à un célèbre compositeur,Thierry étant passionné de musique et surtout d’opéra. Au sol, les planchers vraiment trop abîmés ont été recouverts d’une moquette synthétique très épaisse, de la marque américaine Interface, qui se pose en dalles de 1 m sur 25 cm. 

Hôtel Guilhon - De Fil en Déco

La chambre Poulenc :  au centre de ses 45 m2  trône un lit tout en bois de noyer d’Amérique. Fabriqué sur-mesure, il a été dessiné par l’architecte d’intérieur toulousaine Pascale Giral. « C’est une réinterprétation contemporaine du lit à baldaquin, ouvert pour la vue et vers la télé escamotable électrique cachée dans le bois. » Exposée Sud-Ouest, elle donne sur la piscine et un petit bout de campagne gersoise. Aux murs, des photographies de Kristophe Pani, qui zoome sur des détails d’objets et joue sur les lumières. Deux fauteuils art déco, dénichés au Village des brocanteurs de Lectoure, complètent la déco. La chambre est aussi dotée d’un vaste dressing, d’un coin bureau et d’un espace de courtoisie (pour thé et café). 

La grande salle de bain attenante, avec sa baignoire sabot, son boudoir et sa douche à l’italienne, est, elle, ornée d’une tapisserie Cole & Son, avec ses arbres gris et ses poires dorées, et d’une peinture Farrow & Ball sombre, la Down Pipe. Le lavabo Lago Design (la même marque italienne se retrouve dans toutes les chambres), transparent avec un fond de verre, fait office de trompe-l’oeil. Surprenant !

La chambre Mancini :  c’est la plus petite avec ses 35 m2 , mais elle a conservé sa configuration d’origine, avec le lit positionné dans une alcôve. Inspirée par le cinéma des années 50, elle décline des tons de blanc-noir-gris, autour d’une grande photo d’Audrey Hepburn (Mancini a composé plusieurs musiques de ses films). Côté salle d’eau, on trouve une grande douche à l’italienne en travertin et le même lavabo transparent.

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La suite Mozart :  deux anciennes chambres, un couloir et une salle de bain ont été réunis pour créer celle-ci, sur 45 m2 , avec un très haut plafond de 4 mètres. Une tour centrale a été créée, desservant tout autour les espaces utilitaires de la chambre : dressing en chêne, coin bureau et espace de courtoisie, salon (fauteuils art déco et table en verre et chêne Mugucci), coiffeuse, salle de bain (baignoire, douche à l’italienne avec jets latéraux et vasque Lago Design recouverte d’émaux de verre mordorés de chez Bisazza) et toilettes séparées (avec le système japonais de la marque Toto).

La tour est recouverte de la même tapisserie Cole & Son mais en gris clair « car j’aime bien la continuité en déco », pointe Thierry. Sur les murs, des sérigraphies de Picasso achetées à Madrid et beaucoup d’oeuvres originales. Les deux fenêtres offrent une vue dégagée sur la campagne gersoise et sur la chaîne des Pyrénées.

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La suite Lully : celle-ci a conservé, sur 65 m2, l’esprit d’hôtel particulier, avec son splendide plafond à la française et sa cheminée du XVIIe entièrement restaurée. Pour cacher le dressing sans casser l’effet de profondeur donné par le très haut plafond, les propriétaires ont eu l’idée de poser un grand tableau au sol. La toile, fabriquée par la société Museo, est une reproduction de Georges de La Tour, « Le tricheur à l’as de carreau ». La suite possède les mêmes éléments et services que les autres mais sa déco est plus authentique, dans des tons orangés : une table de jeu de style XVIIIe achetée en salle des ventes, une coiffeuse restaurée datant de la même époque, un tableau du XIXe…

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Un second hôtel particulier

Les propriétaires ont aussi fait l’acquisition de l’hôtel particulier attenant, de 600 m2, qui date lui du XIXe siècle. Dans ces lieux, une suite qui ressemble à un véritable appartement a été plus récemment ouverte au public,  la suite Verdi. C’est la seule qui n’est pas située dans le bâtiment principal mais c’est aussi la plus grande avec ses 80 m2 et ses deux pièces. Elle est composée d’une entrée avec un espace bar, d’une très grande chambre et d’un salon séparé. Avec sa déco très XIXe, cette suite nous plonge dans l’atmosphère d’une Traviata revisitée. La tête de lit est en papier intissé. Une création du Français Lepetit qui représente « La chasse au trésor », avec ses lapins et ses carottes. Traversante, elle donne sur la rue d’un côté et sur une charmante cour intérieure de l’autre, avec un petit balcon. Elle possède elle aussi bien entendu un dressing, une grande salle de bain avec une douche à l’italienne et une baignoire, avec au mur des carreaux métro.

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Des tomettes d’origine

 Après avoir visité toutes les chambres, retournons dans le bâtiment principal. Dans l’entrée, nos pieds foulent de très anciennes tomettes, certaines datant du XVIIe . À gauche, s’ouvre la cuisine de la table d’hôtes. C’est le royaume de Thierry, où il officie pour ses pensionnaires. Cette cuisine italienne de chez Armony dispose d’un très grand plan de travail en granit, de quatre fours… Au sol, le parquet a été décapé, laissé brut et vernis en mat.

De l’autre côté du hall d’entrée, nous passons dans le lobby d’accueil-bibliothèque pour nous rendre dans les pièces « communes ». La salle des petits déjeuners d’abord, où ils sont servis sous forme de buffet. Les hôtes mangent autour de petites tables aux assises très rétro, style années 50. Aux murs, deux tableaux colorés et contemporains de l’artiste Aymeric Vitu. Au centre de la pièce trône un lustre de Vibia, composé de cercles de métal reliés. Il produit un petit effet hypnotique, en se reflétant dans les miroirs des deux cheminées.

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Un somptueux mélange des genres

Dans le salon, se mélangent savamment les genres : art déco, empire, Chippendale… « L’idée était d’axer sur le contemporain, avec d’autres styles plus anciens qui se marient bien », commente Thierry. Dans cette pièce ornée de tomettes mais aussi de deux cheminées et trois miroirs, se côtoient deux canapés noirs Zanotta, la table basse Butterfly de la même marque italienne, une Pipistrello, la suspension géante Zeppelin de Flos (dont la structure recouverte d’une membrane rappelle un parchemin), le chien design Puppy signé Eero Aarnio, un Buddha en fibre de verre rouge… Des sculptures d’hommes, de femmes ou d’animaux sont aussi disposées un peu partout. Celles de type humain, des pièces uniques en terre cuite, sont les oeuvres de la soeur de Thierry, l’artiste locale Maryse Gallardo-Picas.

Miroirs et placards

Dans la salle à manger, un meuble très imposant de Lago Design a été composé sur-mesure. Ce placard à damiers renferme derrière ses façades à miroirs des rangements. La table à dîner Glas Italia, en verre transparent, peut accueillir une douzaine de convives avec son système de poulie. Dessous, un tapis à damiers noir et blanc fait écho au meuble à miroirs. 

Dernière pièce du rez-de-chaussée, le bar ! Tout en bois, il a été fabriqué par un menuisier gersois qui restaure des vieux meubles abimés. Ici, le battant d’une vielle commode sculptée a été utilisé. Après le souper, dans une ambiance intimiste, des fauteuils Minotti invitent à la détente avant de monter se coucher.

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Spa et cave au sous-sol

La visite n’est pas encore terminée : au sous-sol se cachent encore le spa et la cave ! Dans les anciennes cuisines du XVIIe siècle, la piscine intérieure à jets côtoie l’ancien four à pain. Les visiteurs peuvent s’y prélasser et profiter de massages, prodigués avec des produits de la marque toulousaine Graine de pastel. Quoi de plus naturel à Lectoure, un des berceaux de cette plante ?

Juste à côté, la majestueuse cave voûtée en briques accueille depuis mars des dégustations de vins. Toutes les portes et ouvertures au design contemporain proviennent de la ferronnerie d’art et métallerie lectouroise Lochard et Lucas.

Photos : Charles-Antoine Hochman

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