Ni rez-de-chaussée, ni premier étage, dans cette grange pourtant constituée de trois niveaux. Une réhabilitation singulière que l’on doit à l’architecte Sébastien Nuttens.
C’est dans un hameau situé près de Rodez que les hôtes de cette belle demeure ont fait un pari fou, celui de réhabiliter une ancienne grange familiale léguée par le grand-père de la propriétaire. De l’imagination, il en fallait pour se projeter dans ce bâtiment victime des aff res du temps et de travaux « bruts » suite à un incendie. Accompagnés par Sébastien Nuttens, de l’Atelier S Architectures, ils en ont fait un havre de paix contemporain, tout en conservant le charme de l’ancien. Un projet de réhabilitation ayant permis à cet architecte toulousain de remporter la « Brique de l’Habitat » dans le cadre des Trophées de la Déco 2019.

De la pierre, du verre, du bois et du métal
Ayant déjà travaillé avec l’architecte Sébastien Nuttens à l’occasion d’un premier projet en 2011, les propriétaires ont décidé de lui laisser carte blanche. Seule contrainte, créer une maison contemporaine tout en valorisant les murs de pierres existants, garants du charme de ce bien. Ils souhaitaient également privilégier l’usage de matériaux nobles et bruts tels le bois, l’acier.

Valoriser le patrimoine
Implantée en partie haute du terrain avec un niveau inférieur encastré dans le sol, la grange nécessitait de lourds travaux. Les murs de pierres étaient en partie envahis par la végétation et le potentiel de cette bâtisse avait été masqué par l’ajout d’un clapier à lapins en parpaing et un d’un hangar sans charme. Seule la partie initiale, en pierre, est conservée. Comme pour la plupart des granges du village, le toit en tôle présentait une faible pente. Il a été remplacé par un toit en ardoises qui reprend le profil caractéristique des maisons du hameau. Ce nouveau toit libère plus de hauteur, permettant la création d’un salon cathédrale et d’une mezzanine, tout en affirmant la transformation de la grange en maison.

Redéfinir les espaces
L’accès principal de la maison est créé côté village, à l’Est en partie haute du terrain. La démolition du hangar offre la possibilité de redéfinir totalement les accès à la parcelle et à la maison. Les transitions entre espaces publics et privés sont requalifiées par la création d’un patio faisant figure d’entrée entre la grange et l’impasse. Cette première terrasse permet de profiter du soleil matinal à l’abri des regards. C’est une véritable articulation entre la maison et le jardin. Vivre en haut s’est rapidement imposé comme une évidence, afin de profiter au mieux de la vue et de l’ensoleillement. Le niveau principal est composé d’un seul grand espace traversant intégrant cuisine, salle à manger, et salon cathédrale.

Du cachet et de la luminosité
Le salon bénéficie d’une incroyable luminosité et d’une belle hauteur sous plafond. Au sol, un plancher de bois franc crée une certaine continuité et assure l’harmonie entre les différents espaces de vie. Il a été conçu par le menuisier Aymeric Rufié à qui l’on doit également une grande partie du mobilier réalisé sur-mesure. Le canapé, d’un blanc immaculé qui contraste avec la chaleur du bois et de la pierre, est adossé contre le mur d’origine. Ce mur en pierre apporte beaucoup de cachet à la pièce. Une bibliothèque en bois lui fait face. Elle a été pensée comme un escalier encadrant les différents éléments de la pièce. Plus on avance dans la maison, plus elle s’ouvre vers l’Ouest et la campagne environnante. Les grands vitrages du salon permettent d’accéder à une seconde terrasse.

La coursive, élément fort du projet
Les deux terrasses sont reliées par une coursive abritée qui longe la façade sud. Bien que situé en haut, le niveau principal est prolongé par de confortables espaces extérieurs qui assurent une continuité entre l’intérieur de la maison et le terrain. La structure de la coursive, en acier laqué anthracite, est voulue la plus légère possible. Elle apparaît comme le prolongement du bardage, mis en oeuvre en partie haute des murs de pierres, pour cacher la rehausse en parpaings et le chaînage béton existants. La coursive a aussi une fonction bioclimatique. Elle joue le rôle de brise soleil, protégeant les ouvertures de la façade sud pendant l’été, tout laissant rentrer le soleil pendant les mois les plus froids. Cet ensemble donne son caractère contemporain à la maison et assure le mariage entre éléments neufs et anciens.

Rythmer et faciliter la circulation
La cuisine est délimitée par une verrière qui rythme l’espace tout en laissant filtrer la lumière. La structure en métal noir contraste avec le mobilier blanc laqué. Une table à manger, en bois, fait la jonction avec le salon. La cuisine ne bénéficie pas de la même hauteur sous plafond que le salon car elle se trouve sous la mezzanine suspendue. Pour y accéder, il suffit d’emprunter un escalier aérien en bois et en métal. Ce dernier semble s’enrouler autour du poêle à bois, noir mat, et de son tuyau d’évacuation qui souligne la hauteur sous plafond. La mezzanine, suspendue par des tiges en acier, accueille un billard ainsi qu’un petit coin bureau et des instruments de musique.

Rangements et sobriété au rez-de-chaussée
Pour accéder aux chambres, qui se trouvent au niveau inférieur, il faut emprunter l’escalier en béton ciré construit dans le prolongement de celui qui mène à la mezzanine. Une première suite est située dans la partie est de la maison. On découvre également un dressing, un grand placard, une buanderie et un bureau. Sébastien Nuttens a souhaité créer un nouveau volume, accolé à la façade ouest de la grange, pour en faire la suite parentale.
En termes de décoration et d’aménagement, la sobriété semble être le maître-mot. La chambre, qui arbore des teintes claires, est épurée. La salle de bain joue quant à elle la carte de l’élégance et de la simplicité. Une partie du mur en pierre de la grange y a été conservé, mais repeint en noir et mis en valeur par une lumière artificielle. Une grange contemporaine ayant su comment se fondre au mieux dans son environnement.

Yousra
Plan et coupe