Une toulousaine entre astuce et démesure

Laurent Barranco - Olivia Dubus

Dès l’entrée, le visiteur est marqué par une impression de volume. Qu’il s’agisse du couloir face à lui ou de la pièce de vie qui déroule ses 96 m2 sur sa gauche, les dimensions impressionnent. Sur ce rez-de-chaussée, l’architecte d’intérieur Olivia Dubus a su jouer de la présence de deux murs porteurs pour créer une sorte de noyau central (doté de placards et du local technique côté couloir d’entrée) sur lequel s’adosse la cuisine ouverte sur le salon et la salle à manger. Un effet de circulation a été créé autour de ce noyau et de la cuisine en incluant des niches aux deux extrémités. L’une fait office de meuble d’entrée pour déposer les clés et quelques objets design tandis que l’autre abrite un bureau pour « travailler sur le pouce ». 

Laurent Barranco - Olivia Dubus

Démesure 

Impossible d’imaginer qu’il y a encore quelques mois la pièce de vie était en réalité constituée de plusieurs petites pièces au plafond bas. Au plus haut, le plafond atteint désormais les 4m60 et deux grandes baies vitrées de presque 6 m de long noient la pièce de lumière. Plutôt que d’installer la poutre maitresse au milieu de la pièce comme l’envisageaient les propriétaires, c’est en décalé, au dessus de la cuisine qu’Olivia Dubus a choisi de la positionner. Une façon majestueuse de découper l’espace sans y toucher. Au sol, un parquet en chêne vernis mat pour plancher chauffant, posé par l’entreprise Jacquet Baptiste, artisan, menuisier et parqueteur situé à Merville.

Laurent Barranco - Olivia Dubus

Dans la démesure avec ses presque 5 m de long, l’ilot central de la cuisine donne le ton du mélange des matières recherché par l’architecte d’intérieur avec sa structure en métal créée par l’atelier Atmos Fer et son plan de travail en chêne massif. Fondue sous une arcade adossée au mur porteur, la cuisine, conçue par Créations Daniel Simon, joue sur les gris, clair et anthracite et sur un plan de travail foncé en Dekton. L’électroménager se niche dans les colonnes de l’arcade. Le peu qui reste visible se veut discret : acier brossé et couleurs sombres dominent.  

Des niches astucieuses

Face à la cuisine, deux très grandes niches structurent le mur de la pièce à vivre, permettant de suggérer finement les limites de deux espaces : le salon à droite, en carré autour du poêle ; la salle à manger à gauche, positionnée dans le prolongement de la cheminée. En plus d’un intérêt structurel, ces deux niches servent à cacher astucieusement tout ce qui a l’origine était dans le grenier et est devenu apparent en remontant le plafond. Un « deux en un » gagnant. Pour mettre en valeur ce grand espace, le choix s’est porté sur un éclairage à base de spots encastrés ou posés sur la poutre maitresse, complété de luminaires pendus ou posés. 

Porte tiercée

Suite de la visite avec la chambre parentale à laquelle on accède via le couloir d’entrée et une ancienne porte tiercée rénovée par l’entreprise ATM et dont la serrurerie massive a été conservée. Lumineuse, la chambre de 28 m2 donne sur le jardin via une grande baie vitrée. Derrière le mur sur lequel s’appuie le lit, une salle de bain de 17 m2 a été aménagée. Aveugle, elle bénéficie pourtant d’un grand apport en lumière grâce aux deux portes à galandage qui l’encadrent. À l’intérieur, un tryptique incontournable pour les propriétaires : douche, baignoire en ilot et wc. La décoration de la chambre laisse transparaître leur volonté de conserver au maximum ce qui faisait le charme de cette toulousaine. Ici, la porte tiercée, la cheminée et les tommettes au sol. 

Laurent Barranco - Olivia Dubus

Un étage à niveaux

L’escalier qui mène au premier étage est lui aussi d’origine. Il fait accéder le visiteur à un palier salle de jeu dominé par un mur aux colombages apparents. Rénovés par l’entreprise Zanoni, ils donnent un charme fou à l’espace. Créé par l’adjonction de plusieurs bâtiments au fil du temps, cet étage joue sur différents niveaux. Il faut par exemple monter trois marches pour accéder à une première chambre destinée aux invités, ou, a contrario, en descendre une pour entrer dans la première chambre d’enfant. Au total, ce sont trois chambres, toutes dotées de leur salle d’eau privative, ainsi qu’un wc séparé, qui occupent l’étage. L’une des chambres dispose même d’une petite « pièce secrète » transformée en salle de jeu.  On retrouve encore cette volonté de conserver l’ancien avec les colombages évidemment mais également les tommettes au sol des chambres des deux filles.

Laurent Barranco - Olivia Dubus

Des camaïeux de couleurs

Côté couleurs, Olivia Dubus a préconisé dans toute la maison une dominante de blanc cassé,  « pour la chaleur ». Les propriétaires souhaitaient quant à eux jouer sur le bleu et le vert. Un camaïeu de chaque couleur habille donc les murs, parfois avec parcimonie, comme dans la pièce de vie, ou en dominante profonde, a l’instar des murs bleus du couloir d’entrée. Petites infidélités au bleu et vert dans la chambre parentale où domine un camaïeu de kaki très « nuit » qui s’harmonise avec les tommettes, tandis que des touches de rose égayent les chambres d’enfants. 

Laurent Barranco - Olivia Dubus

L’architecte d’intérieur a aussi su jouer avec l’ancien, d’origine ou non, en conservant un pan de mur en briques et galets (rénové là encore par l’entreprise Zanoni, tout comme les façades extérieures donnant sur le jardin) ou en rajoutant des carreaux de ciment dans le couloir d’entrée. 

Prochain chantier : rénover la grange adjacente à la chambre parentale pour la transformer en chambres d’amis et en pool house. Jardin et piscine suivront, de même qu’un atelier photo amateur auquel il sera possible d’accéder via la deuxième entrée de la maison. 

Laurent Barranco - Olivia Dubus

Photos : Laurent Barranco


Des cheminées qui en imposent

Salon
Focus

D’un point de vue purement pratique, les cheminées centrales se démarquent des cheminées classiques en offrant un rendement plus important, de même qu’une meilleure répartition de la chaleur. Qu’elles fonctionnent au bois ou au gaz, elles doivent impérativement être reliées à un conduit d’évacuation des fumées. Voici quelques bonnes raisons de céder à la tentation. 

Un atout en termes de décoration 

Une cheminée centrale offre de nombreux avantages. Elle permet tout d’abord de rendre l’ambiance plus chaleureuse, tout en apportant beaucoup de caractère à la décoration. Installée au centre d’un grand espace de vie, elle structure la pièce et délimite le salon de la salle à manger, mais aussi de la cuisine. Pas de jaloux car chacun pourra profiter de la douceur des flammes, où qu’il se trouve. La cheminée est un élément de convivialité qui promet des moments chaleureux partagés en famille ou entre amis. 

Ruby Fires
Les différents modèles existants 

Les cheminées centrales trouvent aussi bien leur place dans une ancienne bâtisse que dans un univers contemporain. Il en existe d’ailleurs de tous genres et de tous modèles. Les plus impressionnantes sont sans doute les cheminées à foyer ouvert. Bien que les flammes ne rencontrent aucun obstacle, ce modèle est celui qui souffre de la plus grande déperdition de chaleur. Si c’est un critère incontournable, préférez une cheminée aux parois vitrées pour un meilleur rendement. Cela ne vous empêchera pas pour autant d’admirer la beauté de la braise ardente. 

Un vaste choix de combustibles 

Côté combustibles, ce n’est pas non plus le choix qui manque. Si le bois est le combustible le moins cher du marché, et le plus authentique, il faut néanmoins le stocker. C’est également le cas du gaz si vous n’êtes pas raccordé à celui de ville. Il offre cependant une grande facilité d’allumage. Vous ne souhaitez pas vous encombrer d’un conduit d’évacuation et vous recherchez unique- ment l’aspect esthétique ? Optez sans hésiter pour une cheminée au bioéthanol !

Boley

Dans l’esprit de Mindus 

Nous l’avons repéré à la galerie toulousaine Ixiart où il expose en permanence, même si son atelier est basé dans les Landes, à Saubion. Touche-à-tout, autodidacte, électron libre… tous ces termes s’appliquent parfaitement à Mindus (son nom d’artiste fait référence au « meuble industriel », mais aussi à « l’es- prit » en anglais). « Je reproduis ce qui peut passer dans l’esprit de tout le monde. » 

De la récup 

Mindus est à la fois artiste et artisan. Il crée du mobilier et des objets de style industriel, et sculpte des œuvres contemporaines. Le point commun de toutes ses créations : la récup ! 

Un autodidacte 

Il s’est lancé dans une deuxième vie professionnelle en 2016, après avoir été directeur commercial pendant 20 ans dans le BTP. « Je me suis rendu compte que je n’étais pas à ma place et j’ai commencé à bricoler en 2015, à faire des tables, des petits objets, je n’avais jamais soudé ni travaillé de mes mains auparavant. » 

Il a donc tout appris seul et travaille « à l’instinct » : « comme je n’ai pas suivi de formation, ni fait d’école d’art, je fais ce qui me passe par la tête, sans barrière ni limite. Ce qui me permet de faire des associations qui pourraient paraître impossibles à d’autres créateurs, jusqu’au trash parfois, mais sans aucune volonté de provocation. » 

Bois et métal 

Mindus travaille le bois et le métal. Du bois qui provient essentiellement de sa région, beaucoup d’acacia « car très dur mais résistant », du chêne liège, et du pin (mais pas mari- time). Quant aux autres matériaux, ils viennent de la récup. « Mon objectif, c’est de tout recycler, je ne laisse aucun déchet ! Je suis complètement autonome car on me laisse un peu de tout à l’atelier et je l’utilise : du fer forgé, des casseroles, des outils de ferme rouillés, de vieilles machines à coudre… » 

À l’envie ou à la commande 

« Je travaille la moitié du temps à l’inspiration et cela plaît à quelqu’un, ou à la commande. » Ses créations séduisent des clients particuliers comme professionnels (notamment des restaurants et boutiques), et beaucoup de femmes. « Mes meubles attirent la clientèle féminine, peut-être parce que j’aime les rondeurs et les détails », reconnaît-il. 

Des sculptures de taille 

Depuis début 2018, la sculpture prend de plus en plus de place dans son univers. Dans tous les sens du terme : en pourcentage (50 % de sculpture et 50 % de meubles), comme en volume. Car il s’attaque désormais à de très grands formats. Comme cet arbre de 6 m de haut réalisé pour la Ville de Saubion et inauguré en juin, dont le tronc est un pipeline pétrolier d’une tonne. Il est en acier qu’il a fait vieillir (ressemblant ainsi à du Corten) et verni. « Je peux faire du très petit comme du très gros, mais je préfère les grandes tailles. » 

Les voyages 

L’inspiration lui vient « de partout », notamment de ses nombreux voyages à travers le monde, mais également de ceux liés à sa deuxième activité, démarrée elle aussi en 2016, la vente de… cèpes mais pas landais ! Ramassés en Corrèze, dans le Cantal ou en Dordogne, il en collecte 20 tonnes en un mois et demi et les distribue en France, Italie et Espagne, essentiellement dans des restaurants. Au cours des 20 000 km qu’il parcourt sur cette période, il « emmagasine plein d’idées, qui m’aident à trouver l’inspiration durant l’année ». 

Production et résistance 

Mindus est très productif, il peut créer trois pièces complètement différentes dans la même journée : « tout dépend de l’inspiration du moment et de ce que j’ai dans l’atelier. » Il est aussi très résistant. « Quand je sculpte, je n’ai plus aucune notion de rien : ni du temps, ni de la chaleur, ni de l’effort. » 

Transmission 

Comme il aime partager sa passion, Mindus a lancé en 2017 l’antenne Côte landaise de l’association L’outil en main (créée il y a 20 ans à Troyes) dont il est le trésorier. Elle initie aux métiers manuels les enfants de 9 à 14 ans, tous les samedis matin (sou- dure, sculpture sur bois, poterie, vitrail, émail d’art…). « C’est pour les aider à découvrir s’ils sont plus dans le détail ou le global, dans l’intellectuel ou le manuel, ce qui m’avait manqué… » C’est dans la même veine que pour l’« Arbre du souvenir », commémorant les guerres et attentats à Saubion, il a fait travailler les enfants et reproduit leurs dessins sur le tronc. 

Des projets un peu fous 

L’artiste a la tête pleine de projets, certains un peu fous. « Je dois aller au Qatar découper dans le désert une vieille épave pour laisser passer le sable dedans ; j’ai un autre projet pour Herrera, la ville de l’huile d’olive en Andalousie. Je vais sculpter une cuve en béton, en l’inclinant, et découper le nom du village dedans, cela ressemblera à une olive. » Mindus prépare aussi une expo permanente qui lui sera entièrement consacrée, à la demande de la Ville de Saint Vincent de Tyrosse. 

www.mindus.fr 

Photos : Violette Voisin et Candice Belhert 


Le menu de rentrée des chefs

Couleurs & saveurs

Nos trois chefs vous ont concocté un « menu de rentrée ».

L’ENTRÉE de Yoren Larger, chef du M de Montjoie à Ramonville 

Tartare de langue de bœuf revisité, poires et cornichons 
Thibault Gandia

Ingrédients (pour 4 personnes) : 

  • 500 g de langue de bœuf
  • 500 g de poires
  • 6 œufs
  • 2 carottes 
  • 1 oignon
  • 1 bouquet garni (thym – laurier)
  • cornichons (à votre convenance)
  • sel-poivre 

1. Préparer la langue 

Cuire la langue de bœuf avec les carottes, l’oignon et le bouquet garni durant 4 à 5 heures. Le couteau doit s’enfoncer dans la viande sans forcer. Une fois refroidie, peler la membrane et découper en petits cubes. Réserver. 

2. Cuisson de l’œuf 

Faire préchauffer votre four à 72° vapeur. Enfourner les œufs pendant 18 minutes. Ouvrir les coquilles et séparer le blanc du jaune (en faisant attention). Réserver. 

3. Compotée de poire 

Couper les poires en cubes plus ou moins petits, réserver une partie pour le dressage (étape 5). Les faire compoter dans une casserole avec une noisette de beurre et quelques cuillères d’eau (4 ou 5). Mixer jusqu’à avoir une consistance onctueuse. Réserver. 

4. Mise en place 

Tailler les cornichons. Assaisonner la langue de bœuf (huile d’olive, cornichons, sel, poivre). 

5. Dressage 

Utiliser un emporte-pièce rond afin de réaliser un cercle de compotée. Maintenir le cerclage en place et disposer les cubes de langue de bœuf. Déposer le jaune d’œuf au centre et ajouter de fines lamelles de poires en soleil. Régalez-vous ! 

LE PLAT de Sébastien Bras, chef du Suquet à Laguiole 

Dans l’esprit d’une « soupe » oignons, pain & croûte de Laguiole 
Bras

Ingrédients (pour 4 personnes) : 

  • bouillon de bœuf
  • pain de campagne au levain
  • fromage de Laguiole de 6 mois
  • oignon
  • peau de lait
  • crosse de jambon 

1. Mise en place 

Couper une tranche de pain de campagne d’une épaisseur de 2 cm. La griller légèrement. La placer dans un plat et la mouiller avec le bouillon de bœuf légèrement lié à l’agar agar. Réserver. Râper du fromage de Laguiole sur une plaque et colorer ces copeaux au four. Tailler l’oignon en tranches de 1 cm et les colorer au beurre. 

2. Dressage 

Sur la tranche de pain tiédie, placer les rouelles d’oignons. Assaisonner de sel et de poivre noir. Surmonter des copeaux de Laguiole colorés. Râper la crosse de jambon.
Tout en parfum, préférez-la tiède. Pour la présentation, se référer à la photo. 

« Cette recette s’est construite naturellement. Mon histoire s’illumine des retours de fêtes quand la soupe au fromage de Laguiole embaumait la maisonnée. La tablée était joyeuse, pleine d’allant. Des grands moments d’amitié. » – Sébastien Bras 

LE DESSERT de Yannick Delpech, chef de l’Amphitryon (une étoile) à Colomiers 

La rhubarbe et l’hibiscus monochrome tout en fraîcheur, cocktail fruité amer 
David Nakache

Pour 8 personnes 

1. Sirop d’hibiscus : 

  • 1,5L eau
  • 75g fleur d’hibiscus
  • 150g sucre
  • 3 gousses de vanille

Faire bouillir tous les ingrédients, filmer puis laisser infuser 30 mn. Passer au torchon et débarrasser. 

2. Rhubarbe pochée : 

Éplucher les rhubarbes et les cuire dans le sirop d’hibiscus à 90° environ 6 minutes, qu’elles restent légèrement fondantes. Mettre à refroidir. 

3. Gel d’hibiscus : 

  • Sirop d’hibiscus
  • Xanthane, environ 5 g/l 

4. Crème hibiscus : 

  • 15 g de poudre d’hibiscus
  • 10 g de gel d’hibiscus
  • 200 g de mascarpone
  • 100 g de crème

Monter tous les ingrédients ensemble jusqu’à obtention d’une crème chantilly. 

5. Crumble de dragées : 

  • 100 g beurre
  • 110 g poudre d’amande
  • 80 g farine
  • 150 g dragées concassées
  • 1 zeste de citron
  • 1 zeste d’orange

Au batteur, à la feuille, mélanger la poudre d’amande et la farine. Incorporer des dés de beurre petit à petit. Ajouter les dragées concassées puis les zestes de citron et d’orange. Cuire à 180° C 20 mn en remuant régulièrement. 

6. Gelée d’hibiscus : 

  • 100 g de sirop d’hibiscus
  • 1 feuille de gélatine

Mettre à tremper la gélatine dans une eau très froide. Bouillir le sirop d’hibiscus. Incorporer la gélatine hors du feu, couler dans les moules souhaités. 

7. Sorbet à la rhubarbe : 

  • 1 kg de jus de rhubarbe centrifugé (bien rose)
  • mélangé avec 5 g d’acide ascorbique
  • 280 g sucre
  • 70 g glucose atomisé
  • 5 g de stabilisateur stab 2000
  • 340 g eau

Faire bouillir le sucre et l’eau. Ajouter le glucose atomisé et le stab 2000 préalablement mélangés. Verser le jus de rhubarbe dès la première ébullition. Attention, le jus de rhubarbe ne doit pas bouillir sinon il devient noir. 


Une toulousaine à l’anglaise

Totalement rénovée en 2018, la maison composée à l’origine d’un bâtiment principal et d’un studio se répartit désormais en trois espaces de plain-pied et en enfilade : l’espace nuit, la cuisine et la pièce à vivre. Sur 158 m2, Emmanuel, le propriétaire, a choisi de privilégier les grands volumes en redistribuant les pièces et en faisant tomber la plupart des murs. La pièce à vivre couvre ainsi à elle seule l’équivalent de trois pièces sous l’ancienne configuration. 

Un mal pour un bien 

La découverte en cours de chantier de l’obligation de refaire la toi- ture a offert l’opportunité de gagner aussi en hauteur. De 2,35 m, celle-ci est ainsi passée à 3,20 m au plus haut et à 2,50 m au plus bas. Des travaux qui ont également permis d’inclure la climatisation réversible en réalisant des plafonds à différents niveaux. Pas de radiateurs en effet dans cette maison, mais des bouches d’aération régulièrement réparties. Un gain de place appréciable pour le propriétaire passionné de déco. 

Unicité au sol et aux murs 

Au sol comme aux murs, un seul mot d’ordre : l’homogénéité. Si des carreaux ciment (les mêmes) agrémentent l’entrée par la rue comme celle du jardin, tout le reste de la maison s’est vue dotée d’un plancher en Ipé massif. Petit écart à cette règle dans les pièces d’eau ou un plancher en Iroko a été privilégié pour sa résistance à l’eau. Aux murs, seulement trois couleurs : la cuisine et les salles d’eau sont toutes peintes en blanc mat, la chambre d’Emmanuel en Plumette de Farrow & Ball et les autres chambres, de même que la pièce à vivre, en Pavillon Gray, de la même enseigne. D’un bout à l’autre de la maison, les plafonds sont quant à eux d’un blanc immaculé. Une sobriété qui permet tous les écarts de déco. Détail design avec les interrupteurs métallisés des Français Also and Co. 

Une cuisine conviviale 

Centrale et toute de blanc vêtue, la cuisine se veut conviviale et ergonomique. « Je la voulais aussi facile d’utilisation quand je suis seul que quand j’accueille des amis ou de la famille », souligne Emmanuel. Sous le grand ilot central se glisse une table sur-mesure réalisée par son papa Mikéa (contraction affectueuse de son prénom et d’Ikéa) à partir de planches de l’ancienne maison familiale. L’équipement est à la mesure du plaisir d’inviter d’Emmanuel : four traditionnel, four vapeur, tiroir chauffant, deux lave-vaisselles (de petite taille et donc complémentaires), grande plaque à induction, cave à vin, vinaigrier et très nombreux rangements. Un grand velux central (et automatisé) au-dessus du plan de travail complète l’apport de lumière déjà offert par la verrière qui donne sur le jardin. 

Passion lampes 

C’est dans la pièce à vivre que l’on retrouve le plus la passion du propriétaire pour la déco et notamment pour les lampes de créateurs. Où que se pose le regard, un détail attire l’œil, interpelle. Grands noms ou grande distribution, le mix s’est fait naturellement. Dans la partie salon, une lampe Nessino répond à sa grande sœur Nesso. À proximité, une banquette Fly. Au sol, les poufs Livingstones de Stéphanie Marin apportent une pointe de minéral. Une table basse Fidji by Malherbe n’attend que les invités. De même que la cheminée traversante entre la cuisine et le salon. Les bûches sont quant à elles entreposées dans de grandes panières trouvées chez le fleuriste toulousain Saint Fiacre. 

Dans la partie salle à manger, la lampe Taccia s’impose sur le buffet années 30. Pour les dîners plus formels, une table Tulip en marbre gris est encadrée de six chaises Panton, cinq blanches et une noire. Un lampadaire Arco les domine de toute sa rondeur. Petite touche décalée avec des lampes nomades Fat Boy en résine blanche. Un contraste saisissant avec la chaise longue LC4 Pony de Le Corbusier. Réparti dans la maison, du mobilier zoomorphe Ibride designé par Benoit Converse apporte une touche d’onirie. 

Les amis et la famille 

On l’aura compris, accueillir n’est pas un vain mot pour Emmanuel. L’espace nuit n’échappe pas à cette règle avec une grande chambre d’amis décorée avec soin. Face à un grand lit encadré par deux lampes des années 80 en résine, une édition originelle d’étagères String accueille une collection originale de lorgnons de chez C&S Davoy. Au sol, une collection de cols de chemise distribuée par la même enseigne. Touche de couleur avec un fauteuil Louis XVI retravaillé avec du tissu Designer Guild. 

La porte d’en face s’ouvre sur une salle de bain avec une grande baignoire d’angle balnéo trouvée chez Lapeyre. Le plan est là encore une réalisation sur-mesure de Mikéa. Aux murs, du carrelage façon marbre en grands carreaux (90×30) monte jusqu’au plafond. Un miroir wifi de chez Lapeyre ainsi qu’un sèche-serviette chromé constituent la seule déco, en dehors d’une tête en résine blanche de chez Vondom, négligemment posée au sol. 

Espace privatif 

Une porte à galandage isole totalement l’espace que s’est réservé le propriétaire pour la nuit. Composé d’un dressing ouvert, d’une salle d’eau et d’une grande chambre, il constitue un véritable ilot privatif. Dans la salle d’eau, une douche originale avec ses petits carreaux dont une partie fluorescente, et un plan là encore réalisé par Mikéa. 

À l’instar d’une suite d’hôtel, la chambre tourne autour d’un grand lit surmonté de deux liseuses directionnelles. Pièce maîtresse de la déco de cette chambre, un canapé de famille attire immédiatement l’œil. Il a en effet été totalement repris par Matthieu Guyonneau de l’Atelier2 qui l’a notamment recouvert d’un tissu de costume de l’Anglais Archibald & Moon. Gris foncé avec ses rayures beiges et son galon bleu de France, il cristallise l’english touch chère au propriétaire. 

En devenir… 

Loin d’être terminés, les travaux vont désormais se concentrer sur les extérieurs. D’ici quelques mois, une piscine dotée de sa terrasse coulissante en Ipé et un jardin paysager viendront compléter le décor. Ils s’inscriront autour du magnifique cèdre du Liban qu’Emmanuel a réussi à conserver. 

Photos : Laurent Barranco


Isabelle Renimel : confidences entre roses et gris 

Il y a un peu plus d’un an ouvrait à Aureville, à 10 mn de Toulouse, l’hôtel**** En Marge, face au restaurant étoilé éponyme. Cinq chambres dont la décoration raffinée est à mettre au crédit d’Isabelle Renimel. Rencontre et interview décalée. 

Quelle couleur vous définit le mieux ? 

Difficile à dire. Je n’aime pas le rouge, le vert d’eau mais j’adore le bleu, le rose, le jaune, le gris… Par rapport à mon caractère, je vois peut-être plus le rose et le gris. Toute la palette des roses, du doux jusqu’au plus vif, avec la rigidité du gris. Je suis tranchante et exigeante tout en étant très à l’écoute. Un mélange d’empathie, de punch et de rigueur. 

Un courant artistique préféré ? 

J’aime tout, en dehors des sixties. Je vais adorer le marbre comme le bohême, le baroque comme le hippy. Je me demande d’ailleurs parfois si je ne fais pas de fautes de goûts en mélangeant tous ces courants, mais c’est ce que j’aime. C’est un melting pot qui me définit bien. 

Un lieu dont vous ne voudriez plus partir ? 

Nous avons déménagé 18 fois, je ne suis pas matérialiste. Si je devais pourtant retenir deux lieux qui m’ont marquée autant par leur originalité architecturale que par les émotions que j’y ai ressenties je citerais l’hôtel Les Cols à Girone et l’hôtel Aire dans le désert des Bardenas. Le premier est composé « d’aquariums » de verre au milieu desquels coule une unique rivière chauffée à 40°. Les chambres ne sont équipées que d’un futon, rien d’autre. Pas de télé, de wifi, de bureau, ou même de possibilité d’utiliser son téléphone. Où que porte le regard, ce n’est que transparence. On voit tout, sans être vu, grâce à un traitement du verre. C’est déroutant, introspectif. Un lieu qui pousse à lâcher prise et à discuter, à retrouver le simple plaisir de l’échange avec l’autre. 

Dans le désert des Bardenas, c’est un tout autre concept qui m’a séduite même si le dénuement, la simplicité, y étaient aussi de mise. L’hôtel Aire est composé en grande partie de « boîtes » (fabriquées avec des matériaux de récupération) avec vue sur le désert. Un lavabo géant fait office de baignoire extérieure pour profiter de la vue. L’isolement invite ici aussi à se recentrer et à lâcher prise. On se sustente du visuel du désert. 

Un artiste qui vous a inspiré ? 

J’adore Salvador Dali. Les couleurs fortes, le folklore, la décadence du personnage et de son œuvre me parlent. Peut-être parce que j’ai grandi dans un milieu artistique. J’apprécie aussi tout particulièrement l’âme que met Stéphanie Ledoux dans ses tableaux. 

Vous avez décoré vous-même les cinq chambres de l’hôtel**** En Marge. Y en a-t-il une qui vous ressemble plus ?

Il y a une petite partie de moi dans chacune, même si j’aime tout particulièrement Gourmandise et Réflexion (NDLR : chacune des chambres a été baptisée en lien avec les différentes étapes du travail de son mari, le chef étoilé Frank Renimel). On y retrouve d’ailleurs le rose et le gris dont je parlais au début. 

Laquelle a nécessité le plus de recherche ? 

Quand les peintres ont terminé de peindre la chambre Création, l’un des murs a affiché un orange auquel je ne m’attendais pas, d’autant que c’est une couleur que je n’apprécie pas. Je n’ai réussi à finaliser cette chambre qu’après avoir trouvé le tableau qui orne désormais ce mur orange. Ça a été une sorte de déclic pour avancer. Étonnamment, c’est sans doute l’une des chambres les plus appréciées. 

L’aménagement ou l’objet dont vous êtes la plus fière ? 

De ne pas avoir mis de téléviseur dans la chambre Exploration mais des vinyles et un tourne-disque. Nina Simone, Mickaël Jackson, Nirvana… de récents, de plus anciens, le choix est large et éclectique car ce sont les miens. Je rêverais d’y ajouter un écran et un projecteur Super 8 avec de vieux films. 

Si vous aviez aujourd’hui une chambre de plus à décorer, qu’en feriez-vous ?

Je créerais une nouvelle chambre dotée d’une antichambre où les clients, en fonction de leur humeur, de leurs envies, pourraient piocher des meubles, de la déco. Cela rejoint en partie le concept de l’hôtel Les Cols. L’opportunité de se recentrer, de se déconnecter, de revenir à l’essentiel si on le souhaite.

Photos : David Nakache


Sébastien Marsillon, l’art libre et captivant

Quand avez-vous débuté les collages ? 

Cela fait déjà cinq ans. J’ai commencé par détourner un lampadaire cerf que je refaisais chez moi. L’idée de sublimer l’objet et de lui donner une autre allure me plaisait. Ensuite, je suis passé aux collages en 2D, avec plusieurs personnages découpés dans des magazines. 

Quand vous est venue l’idée des collages en cercle ? 

En 2015, j’ai décidé de partir sur une idée de cercle coloré et symétrique. Mais ce n’est qu’en mai 2017 que je me suis lancé dans l’expression libre avec un vrai projet. J’étais passé plusieurs fois devant la place du Salin à Toulouse, sans voir qu’il y avait un panneau d’expression libre. J’ai eu envie de le mettre en valeur, de le rendre vivant et visible aux yeux de tous. 

Quelle est votre démarche ? 

J’en avais tout simplement marre des accumulations de vieilles publicités dans la boîte aux lettres, instantanément jetées par les personnes qui les reçoivent. C’est une façon pour moi de dénoncer cela en les affichant sur de grands panneaux. 

Comment créez-vous ces panneaux ? 

Chaque projet est un mélange de graff et de collage. Tout d’abord, je découpe un cercle de 80 centimètres de diamètre sur des feuilles A3 collées ensemble. Ensuite, je découpe des morceaux de maga- zines ou de prospectus de même teinte, suivant la couleur que je souhaite mettre en avant dans mon collage. Pour ce qui est du fond, il s’agit de bombe aérosol que j’applique directement sur le panneau, comme un graffiti. 

Vous nous présentez votre première série de collages éphémères ?

Il s’agit du projet Nexus. Pour cette série, j’ai travaillé sur la couleur. Des cercles de toutes les couleurs, sans couleur, en sépia, à partir des modes colorimétriques RVB (rouge, vert, bleu) et CMJN (cyan, magenta, jaune, noir), des couleurs complémentaires… Le dernier est quant à lui un peu différent puisqu’il a été entièrement réalisé avec des prospectus faisant référence à la ville de Toulouse. 

Vous arrivez à récupérer vos œuvres après les avoir exposées sur la place du Salin ?

Oui, pour le moment je les ai toutes récupérées ! Et quand elles sont un peu abîmées, je m’occupe de les remettre en état. Ce n’est pas facile de les garder intactes. Un jour, à peine après avoir posé mon collage sur le panneau, il était déjà recouvert d’une affiche publicitaire ! 

Que comptez-vous faire de ces premiers collages ? 

Pour moi, l’aboutissement du projet Nexus serait de créer une horloge géante où chacun des 12 cercles représenterait une heure du cadran. 

Dans cette série, vous avez un petit préféré ? 

Je dirais le collage représentant le mode colorimétrique CMJN. C’est le seul où je n’ai pas créé de fond, puisque j’ai travaillé avec La Ficheuse, une artiste qui pratique également le collage de rue. Mon collage mélange papier et aluminium, ce qui le fait briller à la lumière. 

Quelles sont vos influences ? 

Il y en a surtout trois. Dan Hillier, un artiste illustrateur londonien qui crée des pochettes d’album : j’aime beaucoup son univers fantastique, inspiré du style de l’époque victorienne. Côté musique, les mélodies du groupe de rock australien Tame Impala m’accompagnent souvent lors de la création de mes collages. Et enfin, Jiří Kolář, un poète et collagiste tchèque dont j’admire beaucoup le travail. 

Des projets pour l’avenir ? 

Je réfléchis à un projet en collaboration avec l’association Un mur dans le réel, qui défend les murs d’expression libre, trop souvent prisés par les publicitaires et plus du tout par son objet initial. Je m’occupe également de créer une partie du décor d’une pièce de théâtre au mois de septembre 2018. Une très belle expérience. 

Préparez-vous une version 2 du projet Nexus ? 

Évidemment ! Je commence déjà à réfléchir à un projet similaire qui ferait référence au daltonisme. Ceux qui perçoivent les cou- leurs de manière tout à fait normale pourraient voir comment les daltoniens les perçoivent. 

sebastienmarsillon.fr 


Biographie 

Sébastien Marsillon est né en 1993. Après une licence d’arts appliqués à Nîmes, il s’installe à Toulouse il y a trois ans, où il est actuellement graphiste. 

Photos : Sébastien Marsillon 


Montréal aux couleurs de l’été indien 

Tourisme Montréal

Le Canada, sa nature sauvage, ses paysages sublimes et authentiques, ses mets délicieux… Direction Montréal pour profiter de la chaleur de la nouvelle capitale gastronomique de l’Amérique du Nord. 

Les lieux incontournables 

Village au Pied-du-Courant : bar, cantine, coin lecture, programmation culturelle… Cette plage urbaine est le lieu où il faut se rendre ! 2100 rue Notre Dame Est 

Parc du Mont-Royal : paysages champêtres et boisés, sentiers piétonniers et magnifiques belvédères sur les hauteurs de la ville. 1260 chemin Remembrance 

Marché Bonsecours : un bijou du patrimoine où se mêlent boutiques, expositions et marchés. 350 rue Saint Paul Est 

Où manger ? 

Restaurant Chasse Galerie : des plats techniques et recherchés dans une ambiance décontractée. 4110 rue Saint Denis 

Restaurant Tandem : incontestablement élu le meilleur restaurant « Apportez Votre Vin » de Montréal par les internautes ! 586 Villeray, coin Saint-Gérard 

Damas Restaurant : découvrez le bon vivre à l’orientale dans le joli quartier d’Outremont. 1201 avenue Van Horne 

Où dormir ? 

Village des écluses : dormir sur des bateaux de bois des années 1920-1970. Insolite, non ? 800-828 rue Mill 

Hotel Monville : hôtel design et contemporain proche du Vieux-Port de Montréal. 1041 rue de Bleury 

Four Seasons : une déco résolument moderne et cocooning pour ce nouveau complexe hôtelier. 1430 rue de la Montagne 

Comment s’y rendre ? 

Toulouse – Montréal : 4 vols direct par semaine avec Air Transat. 

TM – Madore – Daphné Caron

Un bel appartement tout en enfilade 

C’est dans un vieil hôtel particulier du centre-ville de Toulouse, datant du XVIIIe siècle, que s’est installé au printemps l’architecte d’intérieur Jean-Luc Vieillard. Spécialisé dans la rénovation de vieilles demeures et appartements depuis 20 ans, il a eu un véritable coup de cœur pour cet appartement de type haussmannien. Sa particularité ? « Des pièces toutes en enfilade et tout à refaire. » 

Si les parquets, les vieilles portes, les moulures et autres boise- ries avaient été bien conservés, le reste nécessitait d’être rénové. L’architecte d’intérieur en a fait un appartement à son image, per- mettant d’y recevoir en même temps ses clients, un peu comme dans un showroom, avec un mélange d’ancien et de contemporain, sa marque de fabrique. 

Parquet Versailles et tomettes d’époque 

Derrière un portail imposant, se dresse tout d’abord la façade magnifiquement restaurée de couleur ocre jaune, exposée plein ouest, avec une cour privée intérieure baignée de soleil. Grand porche, cage d’escalier au parquet Versailles et tomettes d’époque que l’on retrouve ensuite dans l’appartement. 

Au premier étage, cet appartement haussmannien, d’une surface de 80 m2, en paraît beaucoup plus : il bénéficie d’une belle hauteur sous plafond (3,70 m) qui donne l’impression d’une surface bien plus importante. 

Unité et éclectisme 

La luminosité s’infiltre par une enfilade de six fenêtres, toutes protégées par des volets persiennes en bois du XVIIIe, de la couleur imposée par les Bâtiments de France, gris perle. Elles sont toutes voilées des mêmes rideaux en velours de lin blanc de chez Tissus Dominique Kieffer, procurant une ambiance chaleureuse. Tous les murs et portes ont été repeints avec de la peinture anglaise dans ce même coloris gris perle. Une unité qui tranche avec le reste de la déco plus éclectique, composée d’objets de designers et d’autres chinés. 

Une cuisine modernisée 

Le petit sas d’entrée, dans lequel a été créé un dressing, débouche sur l’enfilade de pièces. Seul le bureau, situé le plus au fond de l’appartement, est accessible par un couloir. La visite débute par la cuisine. Elle a été entièrement cassée et l’espace a été réaménagé par Maison Helios (Ariège), avec des éléments de couleur taupe. Jean- Luc Vieillard souhaitait des colonnes de rangement et un ilot central pour pouvoir y déjeuner. Il est recouvert d’un plan de travail taupe bleuté, le même que la crédence. Aux murs, plusieurs tableaux dont un dédié au vin de Gaillac de l’artiste locale Jocelyne Bonzom. 

Des coups de cœur 

Et du mobilier chiné ! Dernière trouvaille, ce lampadaire vintage des années 50, acheté chez un antiquaire à Brive, avec ses trois opalines en parfait état. « Quand je l’ai vu, j’ai complètement craqué. Dans la boutique, je savais déjà où j’allais le disposer dans l’appartement. » 

La touche d’ancien se trouve aussi dans un fauteuil estampillé provençal recouvert d’un velours de mohair moutarde de l’éditeur d’ameublement Pierre Frey. La pendule, en noir et blanc, assez imposante, vient d’un antiquaire de Castelnau de Montmiral. 

Un salon showroom 

La pièce suivante est le salon. Le mariage des matières et des inspirations est détonnant. Deux fauteuils Le Corbusier trônent près d’un très grand canapé d’AM-PM de 2,50 mètres de long, de velours bronze. Les fauteuils, de couleur gold, viennent de chez 2B Design. Il s’agit de la nouvelle série éditée par Cassina et signée LC1, avec un dossier et une assise plus épaisse qu’à l’origine. Dans la même boutique toulousaine, Jean-Luc Vieillard a craqué pour deux chaises Panton taupe, le modèle Montana, et un petit guéridon en marbre et cuivre, d’un designer danois. 

Un fauteuil art déco recouvert de lin Kieffer taupe, une console avec un plan de table marbré veiné de rouge, une autre en métal noir AM-PM recevant la télé, un miroir du XVIIIe et une armoire Louis XVI estampillée (ces deux derniers étant des meubles de famille) complètent le « paysage ». Une ambiance comme dans un showroom d’exposition, totalement assumée. 

De la lumière 

La lumière tient une place importante dans cette pièce principale : elle est assurée par une lampe Flos, un lampadaire Artemide, une autre lampe des années 70 provenant de chez Galerie 7… Au plafond, la corniche a été peinte en bleu gris, la même teinte que l’on retrouvera plus loin dans l’appartement. Et des œuvres contemporaines très variées décorent les murs. 

Au sol, un tapis indo-népalais en pure laine fait-main de teinte beige taupé (de la galerie Schanewald), qui change de couleur en fonction du tissage. Il produit son petit effet sur le parquet Versailles d’époque restauré. Dessus, la table basse, le M pont en verre permet elle aussi un mélange des styles « volontaire ». On trouve ici et là des ouvrages d’architecture, de vieilles amphores ramenées de Marrakech et partout des vases et des bougies. 

Pour les repas en nombre, la table en bois de quatre places peut être agrandie pour accueillir jusqu’à 12 convives. Dernier élément remarquable, la cheminée originelle au coffrage en merisier – qui ne fonctionne pas puisque cela est interdit dans tous les appartements de la Ville de Toulouse – dont l’intérieur du tablier a été peint en anthracite « pour lui donner de la profondeur ». 

Un couloir expo galerie 

Au fond, le couloir qui mène au bureau de l’architecte d’intérieur, a été transformé en galerie grâce à une cimaise sur-mesure créée par l’ébéniste Hervé Rouquet permettant d’y poser des tableaux, bien éclairés par des spots coniques noirs (toute l’électricité a été assurée par la Société Alliance Energies Concept). 

« Nous avons choisi d’utiliser l’espace du couloir long et fermé de 7 mètres », précise Jean-Luc Vieillard. S’y côtoient des tableaux chinés et des affiches plus personnelles : une de Man Ray, une autre de Norman Parkinson, et trois affiches originales de voitures des années 30. On y retrouve le plafond et les murs teintés du même bleu gris. Au sol, deux tapis de laine beige taupé ont été réalisés sur-mesure pour recouvrir toute la longueur. 

Un bureau cosy 

Ce couloir débouche sur le bureau dans lequel Jean-Luc Vieillard travaille. Sur un bureau AM-PM très contemporain, en noyer d’Amérique et pieds en métal, et installé dans un fauteuil Stark en cuir beige et bois. Dans cette pièce calme règne le même mélange des styles. Un petit cabriolet années 50, des lampes Foscarini, un canapé en tissu Jim Thomson en velours de lin orange (pouvant servir de lit aux amis de passage), une bibliothèque contemporaine remplie de livres et statuettes, des aquarelles mais aussi un coq coloré de l’artiste peintre Didier Delamonica. « Il est contemporain et unique, j’aime bien ça aussi », précise-t-il. 

Une tête de lit suggérée 

Dans la chambre attenante, on retrouve le parquet Versailles et la même continuité de couleur en gris perle. Pour matérialiser la tête de lit, une large bande bleu gris (la même également que dans le couloir) de la largeur du lit, a été peinte du sol au plafond. Le couvre-lit en velours de soie est assorti à des coussins couleur mastic de Pierre Frey, et à deux tables de chevet en altuglas accueillant des lampes de Flame façon années 50. Un bureau ancien, d’époque Directoire déniché chez un antiquaire à Brive, avec cuir intégré et dorures parfaitement conservées sur le sous-main, se marie avec un fauteuil du designer Ondarreta, en cuir surpiqué café au lait. Une commode Empire (de famille), un tapis persan, un fauteuil Empire d’époque recouvert avec un tissu contemporain, des aquarelles ramenées de différents voyages (Floride, Maroc…) et des stores en velours de lin complètent l’ambiance feutrée de cette chambre. 

Entre les deux jeux de double-portes menant au salon, une pièce vide a été convertie en dressing. Cet appartement, ainsi mis en valeur, ne manque décidément pas de chien. 

Photos : Frédéric Maligne 


The Concrete House : la villa radicale

Cette maison en béton brut de 40 mètres de long semble posée dans son écrin végétal. Sortie de terre en 2017 après un an de chantier, elle a été entièrement coulée sur place en suivant la topographie du terrain. Toutes les pièces de vie sont orientées au Sud, afin de profiter de la vue sur la piscine, réalisée par Le Pisciniste. Cette villa contemporaine, c’est celle de Virginie et Guillaume, un couple de jeunes parents qui souhaitaient investir dans l’architecture de leur bien plutôt que sur le terrain en lui-même. 

Less is more 

C’est du jardin qu’il est possible d’apercevoir le mieux l’architecture radicale de la maison de 200 m2 et de comprendre son agencement. Implantée sur la limite nord du terrain, son style est horizontal et simple. Après un garage de 50 m2, les pièces de la villa s’enchaînent, rythmées par les brises soleil orientables des baies vitrées de la façade. L’exploit de ce projet ? Aucun poteau n’a été utilisé durant la construction. La dalle en béton de 80 cm d’épaisseur est posée sur les murs de la villa contemporaine qui séparent chaque pièce. 

Nuances de gris 

Dès l’entrée, les teintes de gris annoncent la couleur. L’ambiance est brute et la décoration est mono-matière : du béton aux murs et un joli parquet au sol courent dans toute la maison. Un sas et un joli banc permettent de se décharger de ses affaires après avoir passé une journée à l’extérieur. D’un côté, la perspective de l’entrée donne sur un très bel olivier qui semble avoir toujours été là. De l’autre, on peut apercevoir l’ensemble des pièces qui constituent la maison. Le lieu invite à la visite et s’ouvre sur plusieurs espaces, tous tournés vers le jardin. 

Une pièce à vivre baignée de lumière 

L’immense pièce à vivre de 90 m2 est entièrement vitrée et donne sur le jardin avec piscine. La cuisine de chez In’Concept est ouverte sur la salle à manger et le salon. Pour cuisiner et recevoir, les propriétaires ne manquent pas d’espace : un ilot central en Corian de 5 mètres de long fait à la fois office de mange debout, de plan de travail mais aussi de jardinière intérieure. Les propriétaires cultivent des plantes aromatiques pour agrémenter, entre autres, les plats de leurs convives. « C’est une idée du cuisiniste. Il nous semblait tout à fait logique de faire rentrer un peu de nature dans cette maison », précise Patrice Cagnasso. Au Nord, une terrasse en béton avec muret accueille un salon de jardin où le couple peut manger durant les beaux jours, à l’abri des regards. 

Le reste du temps, c’est dans la salle à manger accolée à la cuisine qu’il s’installe. Les couleurs des éléments de cet espace sont douces, l’ambiance est intimiste et l’emplacement fonctionnel. Le salon, quant à lui, est réchauffé par une décoration aux couleurs sobres et aux matières brutes. Ici, il n’y a pas de geste en trop. Une lampe design Pipistrello est délicatement posée à côté du canapé d’un vert naturel et profond. Le meuble télé de chez Muuto semble avoir été créé sur-mesure pour la pièce. L’hiver, un coin lecture s’improvise autour de la cheminée intégrée dans le mur. 

Un espace nuit intimiste 

Quelques marches, et c’est l’espace nuit qui s’ouvre aux visiteurs. Cette partie de la maison s’enfonce dans le terrain, donnant à la villa l’impression d’être partie intégrante de l’environnement qui l’entoure. Le premier cocon aux touches de rose, c’est celui de la fille des propriétaires. Un univers bien à elle, où l’on se prend à rêver devant le lit-cabane en bois brut. Des couleurs plus chaudes et intenses parent les murs de la chambre d’amis et celle des parents. Les papiers peints à motifs choisis par l’architecte contrastent parfaitement avec la base sobre et mono-matière de la maison. On y retrouve de nombreux objets design, comme une lampe Seletti dans la chambre parentale. 

Pièces d’eau et jeux de patios 

Côté Nord, la dalle de béton a été creusée pour laisser entrer la lumière. C’est dans cette partie de la villa que l’on trouve les salles de bain et deux patios qui amènent de la clarté. La salle de bain parentale est faite de bois et de feuillages. La nature a l’air d’avoir repris ses droits dans cette pièce en décaissé. La décoration est sobre, épurée, accentuée par un sol et des murs à l’identique. Les carreaux hexagonaux de Gomez Carrelages donnent du chic à la pièce d’eau du couple. Le meuble vasque a été chiné par les propriétaires et apporte tout le cachet de la pièce. Une seconde salle de bain est réservée aux invités, parée elle aussi du même carrelage. 

Un écrin de verdure 

Le jardin est composé de grands roseaux pour protéger son inti- mité et la façade de la villa. Un chêne centenaire majestueux trône dans cet espace vert où les propriétaires profitent de la piscine de 15 mètres par 2,5 mètres l’été. Il n’y a pas de réelle délimitation entre l’extérieur et l’intérieur. La perspective est traversante, sur tout le terrain. Parfaitement imparfait, le béton brut se révèle résolument cocooning ! 

Photos : Laurent Barranco