Béton brut, matérialité sensuelle

Lorsqu’il hérite en 2013 de la demeure familiale située dans le quartier Patte d’Oie à Toulouse, Philippe a pour projet d’en faire une maison plus contemporaine tout en conservant l’âme des lieux. 

Désireux de faire rénover la bâtisse familiale construite au XIXe siècle, le propriétaire pense d’abord à lui adjoindre une surélévation contemporaine. Son souhait est alors de s’inscrire dans l’histoire du quartier, sans bousculer l’architecture des lieux. La rencontre avec Patrice Cagnasso, de l’agence architecte AR-QUO fait évoluer la réflexion vers un nouveau départ : l’ancienne demeure est finalement démolie, pour laisser la place à un « bunker protecteur », où l’on peut vivre caché. Résultat ? La modernité fait corps avec le patrimoine environnant. 

© Prisedevue by Philippe Rol

Pour vivre heureux, vivons cachés !

Philippe, le propriétaire, et Patrice, l’architecte, partagent cette vision d’une maison hors d’atteinte, où l’intimité doit être préservée des vis-à-vis. Aussi, lorsque les deux hommes se mettent d’accord sur la nécessité de démolir pour reconstruire sur de nouvelles bases, les plans convergent rapidement vers une maison contemporaine, intimiste et lumineuse. Pas de regrets, l’ancienne demeure n’aurait pas supporté le poids d’une surélévation. La créativité se trouve libérée par cette idée de démolition, mais l’objectif de préservation du passé reste actuel.

© Prisedevue by Philippe Rol

Écrin protecteur et sensuel

« Cette maison est conçue comme une boîte rectangulaire semi-ouverte. Les ouvertures, ce sont les patios situés à l’étage. Ils offrent la clarté du jour sans le tumulte extérieur. On se trouve ici dans un écrin protégé. Le béton brut, que l’on pourrait associer à la froideur, est en réalité très sensuel. Il suffit de le toucher pour s’en apercevoir. »

– Patrice Cagnasso

Une « rue intérieure » comme une galerie

Soucieuse de préserver l’âme des lieux dans la nouvelle maison, l’agence d’architecture conserve le couloir qui va de l’entrée au jardin. Cet axe se présente, dès lors, comme la colonne vertébrale du projet, une inspiration pour l’ensemble, un héritage. Aussi, lorsque le visiteur franchit la porte d’entrée, il s’inscrit d’emblée dans cette « rue intérieure qui est comme une galerie d’art », pour le dire avec les mots de Patrice Cagnasso. Dans ce corridor, l’escalier en acier brut et son garde-corps en fer à béton, est la première œuvre que croise le regard. Le bassin d’eau en enfilade vient prolonger la perspective jusque dans le jardin. 

© Prisedevue by Philippe Rol

Art et artisanat

Le propriétaire a mis en scène les éléments décoratifs qu’il possédait lorsqu’il vivait à Paris. Dans le salon, les murs sont ornés du miroir bombé Cosmos par Hervé Van der Straeten – en laiton martelé et bronze patiné – ou encore d’un tableau du peintre Gérard Omez. Sous l’escalier, un cliché du marin-photographe Philip Plisson, représente un cordage sur l’Île de Sein. La table basse en résine avec inclusion d’un morceau de tronc d’arbre, fait office de présentoir pour une sculpture en feuille d’argent. En haut des escaliers se dresse un « esprit fantôme », une statue de bois longiligne, typique de l’art aborigène australien. Le living Divani par Piero Lissoni, les chaises Vitra ainsi que la table Extenso ont quant à eux été achetés à l’arrivée des occupants dans les lieux.  

© Prisedevue by Philippe Rol

Chambre fermée, chambre ouverte

À l’étage, les chambres proches du couloir profitent de la présence d’une fenêtre donnant sur la « rue intérieure ». Aussi, les occupants de ses pièces, se trouvent dans une chambre fermée, qui est en même temps ouverte sur le reste de la maison. Et toujours à l’abri des regards. Cette annihilation des limites entre « dedans » et « dehors », est renforcée par la possibilité, dans chaque chambre, de sortir dans un patio. On peut y contempler le ciel, sans contact aucun avec l’extérieur. Dans la chambre principale, le fauteuil rouge Jean Nouvel joue les contrastes avec le gris béton. La literie a été sélectionnée chez Trentotto.

© Prisedevue by Philippe Rol
© Prisedevue by Philippe Rol

La lumière compose un « tableau vivant »

« La verrière au plafond, installée tout au long de la rue intérieure en béton, laisse entrer une lumière zénithale, qui offre un jeu mouvant d’ombre et de lumière. C’est un tableau vivant à chaque instant de la journée, qui évolue inlassablement selon la course du soleil », souligne Patrice Cagnasso.

© Prisedevue by Philippe Rol

Salle d’eau et dressing

Dans les trois salles d’eau, l’installation de velux poursuit le jeu de l’éclairage zénithal, comme dans un musée. L’ensemble des équipements de douche et lavabo a été choisi chez Maison Gomez Salle de Bains : faïence, vasques, plans de travail… Pour la robinetterie notamment, le choix s’est porté sur la marque Sanycces. Côté dressing, les portes sont revêtues d’un verre fumé, les poignées sont en cuir naturel. Dans cette zone, les murs noir mat invitent à se recentrer sur soi, pour mieux s’observer et se vêtir. 

© Prisedevue by Philippe Rol

Le jardin, entre modernité et patrimoine

La maison neuve de 150 m² s’inscrit dans un jardin coupé du monde et du bruit de la ville par un mur. Derrière cette clôture de béton, la vue sur l’église du Sacré Cœur livre une mise en valeur réciproque de la modernité et du patrimoine. « Il faut savoir que la maison est située en secteur ABF. Les architectes des bâtiments de France ont saisi l’esprit du projet, qui est avant tout de se fondre dans son environnement pour laisser rayonner le patrimoine », précise l’architecte du projet. Au fond de la parcelle, une chicane est créée au niveau du mur pour préserver l’espace boisé classé situé côté rue. La fontaine ancienne, repeinte dans un bleu Klein, se dresse près du bassin d’eau, comme un témoignage du passé. 

© Prisedevue by Philippe Rol

AR-QUO tient également à remercier les artisans, entreprises et marques : Alliance Energies Concept, 2B Design, Cemex Bétons et Granulats, Dotti Design, Ortalici, Technal, Miroiterie Menuiserie Sintes.


Un sol aux mille facettes

Il ne faut jamais sous-estimer l’importance du sol dans la déco. Il contribue grandement à l’ambiance d’une pièce, au même titre que le revêtement mural et le mobilier. Cependant, il n’est pas toujours facile de se décider entre l’indétrônable plancher, les élégantes dalles XXL, et les sols en béton ciré d’une redoutable efficacité. D’autant plus que la tendance est à l’audace et à l’originalité.

Voyager avec les carreaux de ciment

Si les larges dalles de pierre brute ont le vent en poupe, on s’inspire également des tendances et de l’artisanat venus d’ailleurs pour apporter une touche d’originalité à la décoration de son habitation. De retour en force depuis quelques années, les carreaux de ciment ne cessent de nous charmer. La faïence portugaise s’invite notamment dans la maison pour y insuffler une touche graphique et poétique. Les teintes de bleu profond rappellent les azulejos fabriqués au Portugal, et apportent du caractère à la déco. Pour une ambiance plus contemporaine et lumineuse, préférez des carreaux aux couleurs pâles qui misent tout sur les motifs traditionnels des azulejos. Direction le Maroc pour découvrir une autre tendance en matière de carreaux de ciment avec les zelliges. Si l’on a davantage l’habitude de les utiliser pour la crédence, les zelliges sont parfaits pour habiller le sol d’une cuisine, d’une entrée, ou pour délimiter l’espace situé devant la cheminée. Au moment du calepinage © Maison Bahya © Orsol des zelliges, laissez libre cours à votre créativité. Le calepinage est l’art d’assembler des carreaux, ou des lames de parquet, de différentes manières afin de former des motifs. Avec les zelliges, optez pour une pose linéaire, en chevrons, ou façon carreaux de métro. N’hésitez pas à mixer les formats pour un résultat original ! Bien qu’ils soient imperméables et résistants grâce à leur couche émaillée, on évite de les utiliser pour le sol de la salle de bain. Les bords aiguisés des carreaux peuvent s’avérer tranchants, et le revêtement extrêmement glissant.

©Leroy Merlin

L’indémodable plancher de nos forêts

Incontournable et indémodable, le plancher continue de nous séduire. Il s’adapte aussi bien à une décoration contemporaine que traditionnelle. Bien que les bois exotiques possèdent de nombreuses qualités et se distinguent par des teintes chaudes et intenses, la tendance est aux bois français et européens gérés de manière durable et présentant une empreinte carbone plus faible. Ils offrent eux aussi plusieurs avantages, et les essences disponibles sont nombreuses. Le chêne est réputé pour sa résistance, de même que le hêtre. Le châtaignier se révèle quant à lui imputrescible et naturellement insecticide. Le frêne arbore une blancheur idéale pour une décoration scandinave et épurée. Le pin est à la fois chaud et moelleux, et l’eucalyptus ne présente aucun noeud ni veinage. Autant d’essences et de possibilités ! Si le choix de l’essence est important, celui du motif l’est tout autant. La pose d’un parquet joue un rôle essentiel dans le rendu final. Généralement, il est conseillé d’orienter les lames de plancher dans le sens de la principale source de lumière. Cependant, lorsqu’on les place dans le sens de la longueur, les lames agrandissent visuellement l’espace. À l’inverse, lorsqu’elles sont parallèles au plus petit côté de la pièce, elles élargissent cette dernière mais rendent le travail de coupe plus long et fastidieux. Le calepinage des lames de parquet a quant à lui évolué au fil des siècles et des tendances. La méthode à l’anglaise, ou à coupe perdue, est la plus simple et la plus économique. Cette pose aléatoire limite les chutes contrairement à la pose à coupe de pierre qui veille à la longueur des lames et à la régularité des joints. Pour une décoration sophistiquée, préférez le point de Hongrie qui reproduit des chevrons assemblés à coupe d’onglet. Quant au parquet à bâtons rompus, il ressemble au point de Hongrie mais les lames de parquet ne sont pas coupées sur la largeur et leur forme rectangulaire est conservée. Fougère, pont de bateau, Versailles, Chantilly, en échelle, en damier, ou façon marqueterie, les possibilités ne manquent pas ! Mais la tendance est à la simplicité.

©Bolia

Dépoussiérer la moquette

Non, vous ne rêvez pas. La moquette fait son grand retour et elle pourrait bien vous surprendre. Si la moquette a connu son heure de gloire dans les années 70 et 80, elle a rapidement été boudée. Qualifiée de nid à poussière difficile à nettoyer, elle traine depuis une image vieillotte et désuète. C’était sans compter sur certains designers qui ont décidé de la remettre au goût du jour ! Ils ont pour cela commencé par préférer des fibres recyclées et recyclables, ainsi que des sous-couches textiles et des teintures sans solvants. À noter que la moquette possède un grand pouvoir isolant et contribue à une atmosphère confortable et feutrée. Une bonne chose avec l’hiver qui se profile… Côté déco, on se tourne vers les dalles colorées que l’on assemble à l’envie pour un résultat original et graphique. Plusieurs éditeurs de moquettes ont d’ailleurs collaboré avec de grands noms tels que Christian Lacroix pour Ege Carpets, ou Philippe Starck pour Forbo. De quoi redonner un coup de jeune et d’élégance à la moquette ! Couleurs, motifs et tissages ont évolué pour offrir des effets modernes et variés. Grâce aux outils numériques, il est même désormais possible de prévisualiser le résultat et de tester différents modèles. Pour un fini plus naturel, vous pouvez aussi préférer les fibres végétales et les dalles de jonc de mer ou de sisal. À noter que, comme pour les lames de plancher, les dalles de moquettes doivent elles aussi respecter un sens de pose orienté vers la principale source de lumière.

©Bolon

Tout miser sur l’originalité

Pour sortir des sentiers battus, on opte pour un revêtement de sol original ou qui revisite les grands classiques.

• Mariage des matières Marier les revêtements de sol permet de délimiter différents espaces d’une même pièce. C’est aussi l’occasion d’apporter une touche d’originalité ! On s’inspire de la tendance des tapis XXL pour placer un large carré de sisal au centre de la pièce. Afin de délimiter visuellement les bords de ce carré de sisal, on applique des lames de parquet. Ces lames feront la jonction entre le tapis et le reste du revêtement de sol que vous pouvez choisir en liège ou dans une autre teinte naturelle. Une idée originale, à mi-chemin entre le tatami japonisant et la marqueterie. La tendance est également aux petits carreaux de forme hexagonale. Pourquoi ne pas les associer à du parquet pour rythmer l’espace ?

©Leroy Merlin

• Peinture sur sol Afin de s’engager pleinement dans cette tendance écoresponsable qui encourage à faire du neuf avec du vieux, pourquoi ne pas opter pour une peinture de sol ? Certaines peintures permettent d’obtenir différents effets sur le sol, qu’il s’agisse de plancher ou de carrelage. Effet damier, utilisation de pochoirs pour un effet pop et graphique, tout est permis ! Après avoir appliqué le nombre de couches de peinture nécessaires, on appose une fine couche de laque qui scelle et protège la peinture.

• Papier peint Le papier peint, qui a confirmé son retour en force dans toutes les pièces de la maison, se retrouve désormais au sol ! Une tendance immersive qui donnerait presque le vertige lorsque l’on opte pour un total look du sol au plafond. De quoi perdre ses repères ! C’est notamment ce que propose l’entreprise vénitienne Instabilelab qui décline ses créations visuelles sur différents supports. Ils peuvent ainsi recouvrir le sol, les meubles, et même un espace extérieur soumis aux intempéries. À noter que certains de leurs produits sont conçus pour une meilleure isolation thermique.

 

Un sol en béton ? Oui, mais lequel ?

Il faut tout d’abord savoir qu’il existe deux grandes familles de béton : les bétons naturels, à base de ciment, d’eau et de sable, et les bétons composites faits à partir de résine. Ces derniers ont une apparence de béton ciré. À noter également que le béton peut être soit dallé, soit coulé. Le béton dallé se présente sous forme de larges carreaux ou de dalles, alors que le béton coulé est, comme son nom l’indique, coulé telle une chape de ciment. Un béton coulé peut avoir différents aspects en fonction de sa composition. Il peut par exemple s’agir d’un béton granito auquel on a ajouté des gravillons, des cailloux, des morceaux de marbre, de verre ou encore de métal. Certains bétons se veulent également respectueux de l’environnement, tels que le béton sans ciment et le béton recyclé. Le rendu final dépend également des effets donnés au béton. Ce dernier peut être drapé, brossé, taloché ou imprimé. La finition est également importante selon que l’on préfère un béton verni, lissé, ciré ou patiné. Certains produits ont également pour objectif de protéger le béton et de faciliter son entretien. Si le béton s’affiche le plus souvent à l’état brut, il peut aussi se décliner dans différentes couleurs. Là encore, il est possible d’utiliser plusieurs techniques : teinter le béton dans la masse, le saupoudre de pigments colorés en surface, ou bien le recouvrir d’une résine teintée. Selon le résultat que vous souhaitez, il existe des ocres naturelles ou des oxydes métalliques aux couleurs plus intenses. Quel que soit votre choix en matière de béton, il est toujours conseillé de faire appel à un professionnel.

©Bleu Béton


Véronique Villeneuve : des projets en béton ciré

Le béton ciré n’a plus aucun secret pour Véronique Villeneuve, de Bleu Béton, qui en a fait sa spécialité.

Matiériste-coloriste de talent, Véronique Villeneuve peut également se targuer d’être la première femme spécialisée en décor de sols. Sa spécialité ? Le béton ciré, et plus précisément le micro mortier Mortex et AD LUCEM. Installée à Albi, elle réalise des projets dans toute la région.

• Son parcours ?

J’ai débuté ma carrière en tant qu’archéologue, avant d’entreprendre une formation en œnologie et d’ouvrir une cave à vin au cœur de Gaillac. On pouvait également y trouver une partie réservée aux arts de la table, ainsi que des objets design. Très vite, j’ai proposé mes services en tant que décoratrice d’intérieur. C’est au cours d’un projet personnel de réhabilitation d’un ancien corps de ferme que ma passion pour les enduits, la maçonnerie, et la décoration s’est réveillée. Après une expérience dans le bâtiment, j’ai intégré l’École Européenne de l’Art et des Matière (EEAM) d’Albi. C’est ensuite que j’ai créé ma société Bleu Béton.

• Pourquoi le micro mortier ?

C’est un matériau qui ne cesse de me surprendre. Il y a une réelle progression dans le travail du béton ciré. La première couche technique ne laisse jamais rien présager de l’aspect fini. Une fois sec, poncé et vernis, le résultat est toujours étonnant. Je ne me lasse ENTRE PROS pas de cet effet de surprise ! Le béton ciré évolue en fonction de la lumière, qu’elle soit naturelle ou artificielle. De par son aspect et sa texture, je dirais même qu’il a un côté sensuel. Lorsque j’ai débuté, j’intervenais également pour des enduits muraux, du béton imprimé et de la fausse pierre. Rapidement, je me suis spécialisée dans le béton ciré en suivant une formation Mortex et, plus récemment, AD LUCEM.

• La partie la plus gratifiante de ce métier ?

Voir le résultat final est le moment que je préfère. D’autant plus lorsqu’il est mis en scène et en valeur avec du mobilier contemporain et vintage, une autre passion personnelle ! J’aime aussi beaucoup travailler avec d’autres professionnels, surtout lorsque nous partageons le même sens de l’esthétique. C’est notamment le cas avec l’architecte Jérôme Saysset. Nous sommes intervenus ensemble sur deux projets de rénovation pour la famille Bras : l’Hôtel Le Suquet et le Gîte Val d’Aubrac à Laguiole.

• Son approche lors d’un nouveau projet ?

Mon approche est double. Elle est à la fois instinctive et raisonnée. Il faut en effet tenir compte des contraintes techniques, mais également des habitudes de vie des propriétaires. La poussière est, par exemple, davantage visible sur certains coloris. Cela implique un entretien ménager plus assidu. Le choix de la couleur est un moment crucial. Il est également important de bien discuter avec les clients pour comprendre leurs envies et les conseiller au mieux. À savoir que je préfère privilégier la qualité à la quantité en termes de surface. Les chantiers sur lesquels j’interviens font rarement plus de 150 m².

• De nouvelles tendances en matière de sols ?

Côté béton ciré, la tendance est aux sols lisses et peu texturés. Les produits proposés par AD LUCEM se prêtent particulièrement bien à cet exercice. La couche liquide de finition permet un lissage parfait avec des nuances moins marquées. L’effet de texture est plus léger que les bétons cirés Mortex. L’autre tendance c’est le Terrazzo qui fait son grand retour. Bien qu’ayant été formée à la méthode de pose ancestrale, j’aime utiliser de nouveaux matériaux qui offrent d’infinies possibilités ! Le Terrazzo se retrouve sur le sol, les murs, mais également le mobilier. Il se travaille à la carte !

• Un rêve professionnel ? 

Je rêverais de pouvoir construire ma maison de A à Z, à partir de plans que j’aurais dessinés. Bien évidemment, j’interviendrais également sur toute la partie aménagement et décoration intérieur. Ce lieu me servirait alors de showroom pour montrer à mes clients l’étendue des possibilités qu’offre le béton ciré. Ce dernier souffre parfois d’une mauvaise réputation, bien souvent parce qu’il a été mal posé. C’est pourtant un matériaux résistant et facile d’entretien. À chacun son métier !

 

Gîte Val d'Aubrac de Sébastien Bras © Méryl Montagné
© Méryl Montagné – Gite Val d’Aubrac


Ses réalisations

La Maison Bras – Hôtel Le Suquet, à Laguiole

Pour ce projet, Véronique Villeneuve a travaillé aux côtés de l’architecte Jérôme Saysset et de Jean-Marc Bertoldo, d’Art Disant. Ce dernier est également spécialiste du béton ciré. Dans le cadre de ce projet, le sol et les murs des salles de bain de l’hôtel ont été enduites au Mortex, dans une teinte sable. Les panneaux muraux des chambres ont également été modernisés.

Le Gîte Val d’Aubrac, à Laguiole

Jérôme Saysset et Jean-Marc Bertoldo étaient également présents sur ce chantier. L’ensemble des sols du gîte ont été enduits de béton ciré. L’une des parties du projet consistait à recouvrir les murs surplombant la piscine intérieure extérieure de la Maison Val d’Aubrac. Véronique Villeneuve a pour cela utilisé un béton ciré Mortex dans des teintes de gris et de safran, créées spécialement pour cette rénovation.


Cécile Derrien


Béton translucide : entre ombre et lumière

Sous sa forme translucide, le béton devient très esthétique, permettant de laisser filtrer la lumière et de produire des contrastes fascinants.

 Si le béton est l’un des matériaux de construction les plus répandus dans le monde, il n’est pas vraiment réputé pour son côté esthétique. Et pourtant, sa cote de popularité pourrait gonfler grâce à sa version translucide. Cette dernière est en effet de plus en plus utilisée par les architectes, que ce soit dans des projets d’envergure ou sur de plus petites réalisations qui prennent à cette occasion des allures de tableaux en ombres chinoises.

L’établissement thermal allemand de Bad Staffelstein concentre dans sa coque en béton translucide plus de 2 millions de fibres optiques. © Lucem

Car ce matériau innovant – et impressionnant –, qui laisse passer la lumière grâce à des éléments optiques intégrés, que ce soient des fibres ou de la résine (seulement 4 % du volume suffit, ce qui rend le mélange invisible à la surface), peut aussi bien être utilisé dans la structure des bâtiments d’architecture fine en façade que pour le revêtement de murs intérieurs. Il est à la fois ultra performant et très décoratif.

Des effets d’optique spectaculaires

L’effet est très visuel ! Par jeu de transparence, les ombres projetées d’un côté apparaissent ainsi comme des silhouettes à travers le matériau. La conduction de la lumière, sans perte à travers les éléments optiques intégrés, permet la transmission à la fois de lumière, d’ombres et même de couleurs à travers le béton. Une source lumineuse, qui peut être artificielle ou naturelle, positionnée derrière le panneau de béton, apparaît facilement et le rend translucide. Le béton scintille.

Inspirée par ce matériau, l’imagination des architectes peut aller très loin. L’un des derniers projets particulièrement visuel et coloré est celui de l’établissement thermal allemand de Bad Staffelstein, en Bavière. Les architectes du cabinet Krieger Architekten ont conçu une grotte artificielle en forme de cristal de sel, fabriquée avec le béton translucide de la société Lucem GmbH, permettant à la coque de s’allumer grâce à plus de 2 millions de fibres optiques. Tout en utilisant un éclairage LED programmable (par ordinateur ou par smartphone), qui peut être ajusté avec différentes ambiances aux couleurs variées, statiques ou mobiles, en synchronisation avec de la musique. Ce résultat impressionnant montre comment le béton translucide peut sublimer des projets ambitieux dans le milieu de l’architecture.

©Lucem

Nouvelle génération

Inventé par l’architecte hongrois Aron Losconczi en 2001, le « béton léger translucide » (en anglais « Light Transparent ou Transmitting Concrete » ou « LiTraCon ») est un béton de nouvelle génération qui se présente sous forme de briques, dans lesquelles il a eu l’idée lumineuse d’insérer des fibres optiques. Le LiTraCon est mis sur le marché en 2004 par une société créée sous ce même nom. En 2009, elle met au point des panneaux utilisant de toutes petites unités circulaires de plastique spécial pour la translucidité au lieu de fibres en verre.

Ce matériau révolutionnaire a depuis été décliné par d’autres fabricants (l’Allemand Gasser Fassadentechnik, l’Autrichien Luccon…), intégrant dans des panneaux soit des fibres optiques, soit de la résine polymère. Comme cela a par exemple été le cas pour le désormais devenu célèbre pavillon italien de l’Exposition universelle de Shangaï, en 2010. Une réalisation des Ciments Calcia, du groupe Italcementi, utilisant le produit I-light. Sur la façade, ont été posés plus de 3 700 panneaux transparents, sur une surface de près de 1 900 m2, sous le contrôle de l’architecte Giampaolo Imbrighi.

Le pavillon italien du groupe Italcementi lors de l’exposition universelle de Shangaï, en 2010. ©Italcementi Group

De bonnes performances

Bien plus qu’un matériau high-tech, le béton translucide est surtout ultra-résistant. Ses qualités sont multiples. En raison de la proportion relativement faible d’éléments coulés à l’intérieur, sa solidité et sa résistance sont en effet équivalentes à des bétons à haute performance. Les panneaux sont résistants et isolants. Les performances mécaniques sont élevées, que ce soit au niveau thermique, de la perméabilité à l’air ou face à la résistance au feu. Ce matériau est également recyclable pour une bonne intégration environnementale. Selon son utilisation, il peut aussi permettre de réaliser des économies d’énergies en matière de recours à la lumière naturelle, de climatisation et de chauffage.

©Lucem

Des utilisations multiples

Grâce à lui, les façades extérieures, opaques de jour, se transforment en lanternes magiques la nuit, une fois éclairées artificiellement de l’intérieur. Les panneaux de béton translucide ne remplacent pas les vitrages mais permettent de créer une ambiance lumineuse particulière, utile également dans le cloisonnement intérieur.

Il est donc de plus en plus utilisé dans la construction (parois extérieures, cloisons intérieures, intégration dans les murs ou même les sols) mais aussi dans le design et dans l’industrie des meubles. Pour la réalisation d’éléments décoratifs ou meublants, comme par exemple des comptoirs de bars, meubles d’accueil pour les hôtels, vasques de salle de bain, têtes de lit, tables et armoires lumineuses… mais aussi comme garde-corps. Tout en se déclinant dans divers coloris : noir, gris, anthracite et blanc, des teintes qui peuvent elles-mêmes laisser filtrer toutes les couleurs.

En matière de déco, on trouve même en béton translucide des objets design comme des lampes, mais ces produits sont encore loin d’être démocratisés en termes de budget.

 

©Lucem


Au sol, on mixe les matières et on innove !

Matières

Nous avons recherché pour vous les dernières tendances et quelques idées chic et choc qui devraient faire la différence !

Les carreaux de ciment font leur show

 En cette année 2017, impossible de passer à côté des carreaux de ciment. Par petites touches ou en recouvrant la totalité du sol d’une pièce, ils apportent de la couleur à n’importe quel espace (intérieur comme extérieur). Certains préféreront dessiner de grandes formes géométriques, d’autres choisiront d’apporter juste une pointe de couleur ou de délimiter un lieu de passage (couloir, entrée…), le carreau de ciment façon azulejos a l’avantage de la modularité. Selon le motif choisi, il peut offrir un cachet rétro ou pourquoi pas exotique à une pièce. Certains fabricants se sont même amusés à créer des motifs spécialement dédiés aux enfants, une bonne idée pour donner du relief à une chambre ou une salle de jeu, dans un esprit bohème.

Réalisation par l’atelier Zelij à Toulouse©Zelij

En résumé, le carreau de ciment permet toutes les fantaisies, des plus sobres aux plus punchy. Facile d’entretien, il s’adapte à toutes les pièces. Que lui demander de plus ?

Mix & match

Nous vous avons convaincus avec les carreaux de ciment ? Et si vous osiez le mix & match ? Cette technique de plus en plus tendance vise à mixer les matières et les couleurs, en particulier dans les espaces de passage comme les couloirs ou les entrées, mais aussi dans les pièces de vie pour délimiter de façon informelle les espaces ou pour apporter des notes de couleur. Une façon intelligente également de conserver certains matériaux lors de rénovations, comme du plancher par exemple, associé pourquoi pas à un lino ou à du carrelage. Les découpes se veulent osées elles aussi et jouent sur les formes géométriques, offrant au regard des imbrications presque hypnotiques ! Mais qui dit différentes matières, dit plusieurs techniques à maîtriser, nous vous conseillons donc de faire appel à un professionnel, tant pour assurer un mix esthétique réussi que pour garantir une pose parfaite.

© Chrystel – RencontreUnArchi

Le micro-béton s’impose

Nous vous en parlons régulièrement, mais impossible là encore de passer à côté de la tendance micro-béton. Idéal pour l’intérieur comme l’extérieur, cet enduit spatulé à effet béton ciré cumule les avantages. Facile d’application (pas besoin de primaire pour la plupart des supports) et d’entretien, résistant à l’eau et aux chocs, il peut prendre toutes les couleurs ou presque. Un applicateur chevronné saura lui conférer une variété d’apparence qui lui permet de coller à toutes les décos, des plus traditionnelles aux plus modernes. Sa flexibilité le rend tout particulièrement résistant aux éléments.

©Rouviere

Les dalles de béton ont la cote

Parmi les solutions originales pour vos extérieurs ou vos intérieurs, les dalles de bétons permettent désormais toutes les excentricités ou presque. Que vous souhaitiez un effet béton ciré ou vieille pierre, de petites ou de grandes dalles ou même un effet bouchardé très contemporain, les technologies actuelles permettent de répondre à toutes les envies. Côté couleurs, là encore, les dalles bétons laissent désormais libre cours à votre imagination. Deux atouts majeurs en plus de l’esthétique : pérennité et facilité d’entretien.

©Rouviere

Le bois reste une valeur sûre

Loin d’être has-been (contrairement à cette expression), le bois reste une valeur sûre pour vos extérieurs, que vous optiez pour une essence exotique ou locale. Attention toutefois à bien prendre en compte la manière dont le bois choisi évoluera dans le temps. Les bois exotiques comme l’IPE ou le cumaru par exemple, souvent considérés comme les plus pérennes, peuvent s’endommager s’ils ont été mal stockés ou mal manipulés par exemple. D’où l’importance d’être bien conseillé. N’oubliez pas que les contraintes techniques liées à la construction d’une terrasse bois sont parfois plus complexes qu’on ne se l’imagine.

©Patrice Cagnasso

Connectée !

Enfin, last but not least, si vous voulez être dans l’air du temps, votre terrasse devra aussi être « connectée ». Plus question de cantonner les technologies numériques à l’intérieur des logements. On pense notamment à l’inclusion de spots dans le sol, dont la puissance est gérée via votre smartphone. Idem pour une sonorisation optimale de l’extérieur. Pensez-y en amont du projet afin de l’inclure à votre budget et de pouvoir tenir compte des contraintes techniques.

 

L’idée insolite. Comment conserver un plancher dans une pièce tout en le modernisant ? En le peignant bien sûr ! © Agence Piu Belli

Bon à savoir

Le bois requiert un entretien régulier (au moins annuel) pour lutter contre son vieillissement prématuré. Si vous voulez conserver à votre terrasse toutes ses qualités, il est important de la protéger.