Les sculptures du chat moustache

Matthieu Gernez conçoit et fabrique des décors muraux, des luminaires et du mobilier.

Vous êtes « artisan designer numérique » ?

Les décors muraux en bois et les luminaires que je conçois sont fabriqués grâce à une machine de découpe laser. Pour le mobilier plus conséquent, j’utilise une fraiseuse numérique. Je me suis donc autoproclamé artisan designer numérique, en référence à toute la chaine de création qui va jusqu’à la fabrication de façon numérique.

Quand avez-vous débuté ?

J’ai installé mon atelier à Rodez début 2018, après 15 ans passés dans l’architecture d’intérieur et le design de mobilier. Originaire de Caudry dans le Nord, j’ai été diplômé en Belgique en 2001 et je suis arrivé en Aveyron en 2003. J’ai travaillé essentiellement sur des projets d’aménagements, avec un architecte d’intérieur à Rodez, puis j’ai eu envie de donner une dimension plus artisanale à mon travail.

C’est le côté manuel qui vous manquait ?

Tout à fait ! Je ne faisais que de la conception et j’ai eu besoin de passer à quelque chose de plus pratique, tout en gardant le côté geek de la création assistée par ordinateur. J’ai toujours été manuel. Pendant mes études, je fabriquais moi-même mes prototypes. 

Votre matériau de prédilection, c’est bien le bois ?

Je travaille en eff et le bois, essentiellement du peuplier, avec des créations sur-mesure, tout est personnalisable. Pour le mobilier, ce sont des panneaux de contre-plaqué de 18 mm qui s’assemblent et s’emboîtent sans outil, ni vis, ni colle. Ma démarche est écoresponsable : ce bois est issu de forêts éco gérées (PEFC) et j’utilise des produits de finition sans COV (composé organique volatil), avec des huiles teintées naturelles Made in France. Pour les parties translucides des luminaires, je me sers du PMMA, un polymère qui peut se recycler à l’infini. Mes machines sont alimentées par Enercoop, je tourne à l’énergie renouvelable !

Comment en êtes-vous arrivé au numérique ?

J’avais déjà dessiné toute une collection de luminaires et de mobilier, ça a été un long travail. Et pour les fabriquer, à partir de 2017, je me suis formé au Fablab de Rodez : ça a été une véritable révélation ! J’ai eu envie d’explorer toutes les possibilités créatives qui peuvent sortir des machines à commande numérique. J’y allais une fois par semaine et je repartais avec une nouvelle maquette, c’était exceptionnel ! C’est fantastique de dessiner sur des logiciels de 3D et de 2D le matin et de pouvoir avoir une maquette entre les mains l’après-midi.

C’est vraiment l’outil dont vous aviez besoin pour vous épanouir dans la création?

Les outils numériques donnent en eff et l’opportunité à tout un chacun de créer, avec une vitesse de prototypage très intéressante. Avant, le processus industriel était très long et très couteux. En utilisant le numérique de façon intelligente, cela permet même de relocaliser la fabrication.

Vous nous présentez cette collection ?

J’ai commencé par les luminaires et le mobilier, puis j’ai eu l’idée de me lancer dans les décors muraux pour créer un univers propre au Chat Moustache. J’utilise des plaques de contre-plaqué de 5 mm en les empilant pour dessiner des motifs. Je travaille avec des dalles carrées de 60 cm x 60 cm, je me libère du format de ma machine pour gérer de très grandes surfaces en les assemblant côte à côte un peu comme un carrelage. Ça me laisse un champ d’action considérable !

Vous utilisez quelle technique ?

Il y en a plusieurs : la découpe et l’assemblage par couches avec des teintes différentes, la gravure avec des puissances variées par balayage de la matière ou la pyrogravure en marquant la matière par découpe, mais avec une faible puissance.

Vous avez exposé au Musée Soulages ?

J’ai présenté mon travail à un scénographe ruthénois, Olivier Arnaudo, qui a été séduit et nous avons commencé à travailler rapidement ensemble sur des expos. Pour celle sur GUTAÏ, un collectif japonais des années 50 au Musée Soulages à l’été 2018, Olivier s’est inspiré du motif multimillénaire « Asanoha ». Je l’ai décliné sur une vingtaine de tranches de cimaises d’exposition, de 50 cm de large sur 3,70 m de haut. J’ai aussi participé à l’exposition sur l’Île de Pâques au musée Fenaille à Rodez. J’ai créé un autre motif sur des plaques de décoration murales, inspiré de l’hameçon polynésien.

D’autres projets sont en préparation ?

Je vais bientôt sortir des décors muraux axés sur le yoga et la méditation, avec des mandalas, des fleurs de vie, et aussi un tabouret de méditation. Tout le mobilier de mon portfolio va aussi sortir progressivement. Pour me démarquer, j’ai décidé de le vendre attaché sur sa plaque, avec les éléments à découper pour réaliser le montage à la maison à l’aide de tutos, pour donner le sentiment de devenir un peu acteur du produit. Je suis moi-même adepte de la construction mentale, j’ai tellement joué aux Legos, étant enfant, que je trouve sympa d’ajouter un côté ludique au montage de mes créations. Pour que tout s’assemble un peu comme un puzzle en 3D.

www.lechatmoustache.com


Pourquoi Le Chat Moustache ?

Surnommé Matou – de son prénom Matthieu – par son mentor et ami avec lequel il a travaillé pendant 13 ans, l’architecte d’intérieur Jean Vantajol, il voulait déposer comme nom de marque Matoo, qui était… déjà pris ! Il a donc eu l’idée de « décliner un nom bien frenchie avec un petit côté ludique qui passe bien à l’international ! »


 

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