Isabelle Renimel : confidences entre roses et gris 

Il y a un peu plus d’un an ouvrait à Aureville, à 10 mn de Toulouse, l’hôtel**** En Marge, face au restaurant étoilé éponyme.

Il y a un peu plus d’un an ouvrait à Aureville, à 10 mn de Toulouse, l’hôtel**** En Marge, face au restaurant étoilé éponyme. Cinq chambres dont la décoration raffinée est à mettre au crédit d’Isabelle Renimel. Rencontre et interview décalée. 

Quelle couleur vous définit le mieux ? 

Difficile à dire. Je n’aime pas le rouge, le vert d’eau mais j’adore le bleu, le rose, le jaune, le gris… Par rapport à mon caractère, je vois peut-être plus le rose et le gris. Toute la palette des roses, du doux jusqu’au plus vif, avec la rigidité du gris. Je suis tranchante et exigeante tout en étant très à l’écoute. Un mélange d’empathie, de punch et de rigueur. 

Un courant artistique préféré ? 

J’aime tout, en dehors des sixties. Je vais adorer le marbre comme le bohême, le baroque comme le hippy. Je me demande d’ailleurs parfois si je ne fais pas de fautes de goûts en mélangeant tous ces courants, mais c’est ce que j’aime. C’est un melting pot qui me définit bien. 

Un lieu dont vous ne voudriez plus partir ? 

Nous avons déménagé 18 fois, je ne suis pas matérialiste. Si je devais pourtant retenir deux lieux qui m’ont marquée autant par leur originalité architecturale que par les émotions que j’y ai ressenties je citerais l’hôtel Les Cols à Girone et l’hôtel Aire dans le désert des Bardenas. Le premier est composé « d’aquariums » de verre au milieu desquels coule une unique rivière chauffée à 40°. Les chambres ne sont équipées que d’un futon, rien d’autre. Pas de télé, de wifi, de bureau, ou même de possibilité d’utiliser son téléphone. Où que porte le regard, ce n’est que transparence. On voit tout, sans être vu, grâce à un traitement du verre. C’est déroutant, introspectif. Un lieu qui pousse à lâcher prise et à discuter, à retrouver le simple plaisir de l’échange avec l’autre. 

Dans le désert des Bardenas, c’est un tout autre concept qui m’a séduite même si le dénuement, la simplicité, y étaient aussi de mise. L’hôtel Aire est composé en grande partie de « boîtes » (fabriquées avec des matériaux de récupération) avec vue sur le désert. Un lavabo géant fait office de baignoire extérieure pour profiter de la vue. L’isolement invite ici aussi à se recentrer et à lâcher prise. On se sustente du visuel du désert. 

Un artiste qui vous a inspiré ? 

J’adore Salvador Dali. Les couleurs fortes, le folklore, la décadence du personnage et de son œuvre me parlent. Peut-être parce que j’ai grandi dans un milieu artistique. J’apprécie aussi tout particulièrement l’âme que met Stéphanie Ledoux dans ses tableaux. 

Vous avez décoré vous-même les cinq chambres de l’hôtel**** En Marge. Y en a-t-il une qui vous ressemble plus ?

Il y a une petite partie de moi dans chacune, même si j’aime tout particulièrement Gourmandise et Réflexion (NDLR : chacune des chambres a été baptisée en lien avec les différentes étapes du travail de son mari, le chef étoilé Frank Renimel). On y retrouve d’ailleurs le rose et le gris dont je parlais au début. 

Laquelle a nécessité le plus de recherche ? 

Quand les peintres ont terminé de peindre la chambre Création, l’un des murs a affiché un orange auquel je ne m’attendais pas, d’autant que c’est une couleur que je n’apprécie pas. Je n’ai réussi à finaliser cette chambre qu’après avoir trouvé le tableau qui orne désormais ce mur orange. Ça a été une sorte de déclic pour avancer. Étonnamment, c’est sans doute l’une des chambres les plus appréciées. 

L’aménagement ou l’objet dont vous êtes la plus fière ? 

De ne pas avoir mis de téléviseur dans la chambre Exploration mais des vinyles et un tourne-disque. Nina Simone, Mickaël Jackson, Nirvana… de récents, de plus anciens, le choix est large et éclectique car ce sont les miens. Je rêverais d’y ajouter un écran et un projecteur Super 8 avec de vieux films. 

Si vous aviez aujourd’hui une chambre de plus à décorer, qu’en feriez-vous ?

Je créerais une nouvelle chambre dotée d’une antichambre où les clients, en fonction de leur humeur, de leurs envies, pourraient piocher des meubles, de la déco. Cela rejoint en partie le concept de l’hôtel Les Cols. L’opportunité de se recentrer, de se déconnecter, de revenir à l’essentiel si on le souhaite.

Photos : David Nakache

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