Dans l’esprit de Mindus 

À la fois créateur de mobilier industriel et sculpteur contemporain, Mindus est un véritable électron libre. 

Nous l’avons repéré à la galerie toulousaine Ixiart où il expose en permanence, même si son atelier est basé dans les Landes, à Saubion. Touche-à-tout, autodidacte, électron libre… tous ces termes s’appliquent parfaitement à Mindus (son nom d’artiste fait référence au « meuble industriel », mais aussi à « l’es- prit » en anglais). « Je reproduis ce qui peut passer dans l’esprit de tout le monde. » 

De la récup 

Mindus est à la fois artiste et artisan. Il crée du mobilier et des objets de style industriel, et sculpte des œuvres contemporaines. Le point commun de toutes ses créations : la récup ! 

Un autodidacte 

Il s’est lancé dans une deuxième vie professionnelle en 2016, après avoir été directeur commercial pendant 20 ans dans le BTP. « Je me suis rendu compte que je n’étais pas à ma place et j’ai commencé à bricoler en 2015, à faire des tables, des petits objets, je n’avais jamais soudé ni travaillé de mes mains auparavant. » 

Il a donc tout appris seul et travaille « à l’instinct » : « comme je n’ai pas suivi de formation, ni fait d’école d’art, je fais ce qui me passe par la tête, sans barrière ni limite. Ce qui me permet de faire des associations qui pourraient paraître impossibles à d’autres créateurs, jusqu’au trash parfois, mais sans aucune volonté de provocation. » 

Bois et métal 

Mindus travaille le bois et le métal. Du bois qui provient essentiellement de sa région, beaucoup d’acacia « car très dur mais résistant », du chêne liège, et du pin (mais pas mari- time). Quant aux autres matériaux, ils viennent de la récup. « Mon objectif, c’est de tout recycler, je ne laisse aucun déchet ! Je suis complètement autonome car on me laisse un peu de tout à l’atelier et je l’utilise : du fer forgé, des casseroles, des outils de ferme rouillés, de vieilles machines à coudre… » 

À l’envie ou à la commande 

« Je travaille la moitié du temps à l’inspiration et cela plaît à quelqu’un, ou à la commande. » Ses créations séduisent des clients particuliers comme professionnels (notamment des restaurants et boutiques), et beaucoup de femmes. « Mes meubles attirent la clientèle féminine, peut-être parce que j’aime les rondeurs et les détails », reconnaît-il. 

Des sculptures de taille 

Depuis début 2018, la sculpture prend de plus en plus de place dans son univers. Dans tous les sens du terme : en pourcentage (50 % de sculpture et 50 % de meubles), comme en volume. Car il s’attaque désormais à de très grands formats. Comme cet arbre de 6 m de haut réalisé pour la Ville de Saubion et inauguré en juin, dont le tronc est un pipeline pétrolier d’une tonne. Il est en acier qu’il a fait vieillir (ressemblant ainsi à du Corten) et verni. « Je peux faire du très petit comme du très gros, mais je préfère les grandes tailles. » 

Les voyages 

L’inspiration lui vient « de partout », notamment de ses nombreux voyages à travers le monde, mais également de ceux liés à sa deuxième activité, démarrée elle aussi en 2016, la vente de… cèpes mais pas landais ! Ramassés en Corrèze, dans le Cantal ou en Dordogne, il en collecte 20 tonnes en un mois et demi et les distribue en France, Italie et Espagne, essentiellement dans des restaurants. Au cours des 20 000 km qu’il parcourt sur cette période, il « emmagasine plein d’idées, qui m’aident à trouver l’inspiration durant l’année ». 

Production et résistance 

Mindus est très productif, il peut créer trois pièces complètement différentes dans la même journée : « tout dépend de l’inspiration du moment et de ce que j’ai dans l’atelier. » Il est aussi très résistant. « Quand je sculpte, je n’ai plus aucune notion de rien : ni du temps, ni de la chaleur, ni de l’effort. » 

Transmission 

Comme il aime partager sa passion, Mindus a lancé en 2017 l’antenne Côte landaise de l’association L’outil en main (créée il y a 20 ans à Troyes) dont il est le trésorier. Elle initie aux métiers manuels les enfants de 9 à 14 ans, tous les samedis matin (sou- dure, sculpture sur bois, poterie, vitrail, émail d’art…). « C’est pour les aider à découvrir s’ils sont plus dans le détail ou le global, dans l’intellectuel ou le manuel, ce qui m’avait manqué… » C’est dans la même veine que pour l’« Arbre du souvenir », commémorant les guerres et attentats à Saubion, il a fait travailler les enfants et reproduit leurs dessins sur le tronc. 

Des projets un peu fous 

L’artiste a la tête pleine de projets, certains un peu fous. « Je dois aller au Qatar découper dans le désert une vieille épave pour laisser passer le sable dedans ; j’ai un autre projet pour Herrera, la ville de l’huile d’olive en Andalousie. Je vais sculpter une cuve en béton, en l’inclinant, et découper le nom du village dedans, cela ressemblera à une olive. » Mindus prépare aussi une expo permanente qui lui sera entièrement consacrée, à la demande de la Ville de Saint Vincent de Tyrosse. 

www.mindus.fr 

Photos : Violette Voisin et Candice Belhert 

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