Bertrand Bascoules : un travail de fourmi

Rencontre avec le photographe Bertrand Bascoules et ses drôles de bêtes, qu’il appelle affectueusement “les bestioles”.


Comment a commencé votre passion pour les “bestioles” ?

Tout petit, j’avais envie de partager ma passion des petites bêtes avec les autres enfants. J’adorais les voir, les suivre, les attraper et les observer. Ensuite, j’ai commencé à lire sur le sujet. Cela m’a donné envie de découvrir des bêtes mythiques, plus exotiques, comme le serpent volant par exemple. Puis j’ai entrepris de les prendre en photo.

Quels types de “bestioles” photographiez-vous ?

J’aime beaucoup photographier des insectes, des arthropodes, des grenouilles et des petits serpents. Au-delà de l’esthétique, chaque partie du corps des insectes et des animaux a une fonction, qu’il s’agisse de la couleur ou de la forme. Tout a un sens dans la nature.

Comment faites-vous pour photographier des sujets vivants ?

Quand je pars faire de la photo sous-protocole, parfois avec des chercheurs, j’ai mon studio ambulant sur le dos ! Chaque sujet est photographié vivant, dans son milieu naturel, mais en condition de studio, puis relâché. On appelle cela un néodocumentaire à caractère d’art. Cela demande beaucoup de travail, notamment sur la lumière et les reflets sur les “bestioles” que je photographie. Mais la lumière, ça se construit. Au bout de quatre ans, j’en suis arrivé aux résultats d’aujourd’hui. Je parviens à mettre en valeur une symétrie, à capturer une attitude.

Quand vous partez avec des chercheurs, en quoi consiste vos expéditions ?

Je cherche le nom des “bestioles” croisées, leurs caractéristiques, leur environnement… Ensuite, les informations récoltées sont transmises aux muséums. En ayant ces connaissances, il est plus simple de savoir ce que l’on photographie et la valeur des sujets photographiés. Cela génère une certaine magie lorsque ces sujets sont rares !

Pouvez-vous nous présenter votre série “VIVANT” ?

VIVANT est une série de 20 planches photos, qui donne un point de vue sur la vie animale. Chaque planche est singulière, mais l’ensemble se confond dans une esthétique commune. C’est un face à face inattendu avec les”bestioles”. Sur ces images au fond noir, le sujet est sorti du contexte qu’on lui connaît. Cela permet d’aller réellement à sa rencontre. J’aime l’idée de montrer la beauté de ces “bestioles”, même celles que l’on a déjà croisées à plusieurs reprises, sans trop y prêter attention. 

Pouvez-vous nous en dire davantage sur l’impression de vos photos ?

J’ai choisi de ne pas utiliser le verre et l’encadrement habituels. Cela permet d’être au contact direct du sujet photographié et de supprimer cette idée de contexte. L’impression UV sur panneau rigide résiste à la lumière du soleil et à la pluie, donnant la possibilité d’exposer les photos en plein air.

Avez-vous des influences, des inspirations ?

À posteriori, je dirai Pierre Soulages et son utilisation du noir. Il a beaucoup joué sur les effets et les nuances du noir avec la lumière. C’est un peu ma démarche lorsque je fais mes photos sous protocole.

Vous avez des projets en préparation ?

Je rentre d’Afrique du Sud où j’ai pu faire de la prospection et mettre à profit ce travail d’isolement des espèces. Il s’agissait de produire des ressources audiovisuelles et des photos sur les espèces croisées. J’expérimente aussi l’impression 3D de certaines parties du corps des “bestioles” avec une modélisation multipliée par 30. Mais c’est encore en projet.

 

Bio express :

Le Toulousain Bertrand Bascoules a commencé la photographie en 1996 avec un appareil à la fonction macro. Après de nombreux voyages en Guyane, au Sénégal et au Burkina, il intègre l’école Supérieure d’Audiovisuel de Toulouse et co-fonde le studio Gelée Royale en 2010. 

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